après avoir tracé une « ligne rouge » au président syrien Al Assa, et menacé de « sérieux représailles » en cas d'utilisation d'armes chimiques (le gaz sarin), les Etats-Unis ont annoncé, jeudi, mais sans le détailler, un « soutien militaire » aux rebelles armés. Par ce « soutien », ils s'alignent sur l'Union européenne qui s'apprête à armer les rebelles à partir du 1er août prochain. « Il s'agit, affirme la Maison Blanche, d'une « simple » augmentation de son aide « non létale », et « non pas une livraison d'armes ». Les responsables américains assurent que le président Obama prendra « des décisions à (son) propre rythme ». « Le président a affirmé que le recours à des armes chimiques changerait son équation, et c'est le cas », assure Ben Rhodes, conseiller adjoint de sécurité nationale de M. Obama. Il a indiqué qu'entre 100 et 150 personnes au minimum ont été tuées dans des attaques chimiques. Attendu en Irlande du Nord, au début de la semaine prochaine pour le sommet du G8, Barack Obama y consultera, selon son conseiller, les partenaires sur la question, précisant que Washington a déjà « communiqué les informations sur les armes chimiques aux Russes » alliés de Damas. Pressée par les ultras du parti républicain de durcir davantage le ton contre Damas, l'administration US évoque la possibilité d'instaurer une « petite » zone d'exclusion militaire. C'est pourquoi, un responsable du Pentagone a fait savoir que l'armée américaine va laisser en Jordanie, pays frontalier de la Syrie, des chasseurs F-16 et des missiles Patriot, ainsi qu'une unité de marines sur des navires amphibie, à la fin des exercices militaires communs qui se déroulent depuis quelques jours. Quelque 2.400 marines prennent part aux manœuvres militaires en Jordanie, où ils sont arrivés à bord de trois navires amphibie. Une décision applaudie par le sénateur républicain John McCain qui insiste sur l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne et la livraison d'armes « lourdes ». « Il est temps d'agir de façon décisive. Nous avons besoin d'armes lourdes capables de s'en prendre aux chars, et nous avons besoin de missiles sol-air (...) La seule chose qui changera l'équation sur le champ de bataille est la destruction de la capacité aérienne du régime d'Al Assad », a-t-il soutenu. Le « bruissement » de bottes ne peut survenir sans faire bouger l'Otan. Son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussem, a demandé, hier, aux autorités syriennes de laisser « urgemment » l'ONU enquêter sur le terrain sur l'usage d'armes chimiques. « L'usage d'armes chimiques par la Syrie est totalement inacceptable et constitue une violation du droit international », a affirmé M. Rasmussen, ajoutant que cela était un motif de « grande inquiétude ». « Damas et Moscou crient aux « mensonges » Le gouvernement syrien n'a pas attendu pour réagir. Un responsable des Affaires étrangères a qualifié, hier, de « mensonges » les accusations américaines. « La Maison Blanche a fait publier un communiqué truffé de mensonges sur le recours aux armes chimiques en Syrie, en se basant sur des informations fabriquées à travers lesquelles elle a tenté de faire assumer au gouvernement syrien la responsabilité d'un tel usage », a-t-il dénoncé. Il assure que ces griefs interviennent « après des rapports affirmant que les groupes terroristes armés actifs en Syrie (rebelles, ndlr) sont en possession d'armes chimiques mortelles et de la technologie nécessaire pour leur fabrication ». Le responsable syrien s'en est pris également à l'aide « militaire » au profit de l'opposition armée qui met en doute la volonté américaine de trouver une issue pacifique au conflit à travers la prochaine conférence de Genève. Moscou a également dénoncé les décisions de la Maison Blanche. Pour le conseiller diplomatique du Kremlin, Youri Ouchakov, les « preuves » sur le « recours », par Damas, à l'arme chimique ne sont « pas convaincantes ». Le chef de la commission des affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe, Alexeï Pouchkov, juge « fabriquées » les « preuves » américaines comme celles de l'Irak en 2003. « Quel intérêt aurait Al-Assad à utiliser en quantité réduite du gaz sarin contre les rebelles ? Pourquoi ? Pour donner un prétexte à une ingérence extérieure ? Ce n'est pas logique », dit-il, estimant que le président Obama « suit la même voie que George Bush ».