RéSUMé : Nacéra voit sa vie basculer du jour au lendemain. Maïssa s'était conduite comme une idiote, et était tombée enceinte de son prof de maths. Maintenant, elle ne pouvait plus reculer. Hind l'attendait pour le déjeuner... Elle n'avait pas vraiment envie de sortir, mais pour éviter les questions de son amie, elle décide de s'y rendre. Nacéra se pince pour se prouver qu'elle ne rêve pas. Hélas ! C'était la triste réalité. Pourvu que les choses s'arrangent rapidement... Sinon... Elle ferme les yeux et laisse l'eau couler sur son corps. Ah ! Si on pouvait effacer tous les malaises humains par un simple jet d'eau ! Elle se sèche et s'habille rapidement, avant de descendre au salon de coiffure du quartier, où elle se fera faire une mise en pli. Puis elle remonte pour choisir une tenue plus appropriée pour cette journée un peu spéciale. D'ailleurs, elle avait demandé à sa coiffeuse de la maquiller légèrement, afin d'effacer les traces de fatigue, et de camoufler son teint terne. Devant sa glace, elle se contemple un moment, avant d'ajuster son tailleur rose de bois, coupé sur mesure, et de mettre un collier en perles de culture autour de son cou. Elle choisira, pour finir, une jolie paire d'escarpins à hauts talons et un sac assorti. Quelques gouttes de parfum sous ses oreilles et sur ses poignets, elle jette un dernier coup d'œil à sa silhouette, avant de se décider à partir. Sa mère qui préparait le déjeuner dans la cuisine fronce les sourcils à sa vue : -Te voilà parée pour te rendre à une fête... Tu m'avais pourtant dis que tu allais juste déjeuner avec Hind. -Exact. Mais pour une fois, nous avons décidé de faire des folies et de nous rendre dans un restaurant chic. -Quelle idée ! Pourquoi donc ? -Eh bien, pour changer un peu... Disons pour faire comme les gens d'un certain standing. Sa mère secoue sa tête : -Tu ne sors pas souvent, et parfois juste pour acheter tes accessoires de couture, mais aujourd'hui tu veux réellement toucher le plafond. On te prendrait facilement pour une nouvelle mariée ma chère fille, alors que tu as dépassé l'âge d'être une mariée... D'ailleurs... (Elle hausse les épaules), tu t'entêtes à refuser encore ces rares prétendants qui se présentent une fois par hasard. Nacéra, qui connaissait par cœur le répertoire de sa maternelle à son égard, se contenta d'essuyer ses remontrances sans broncher... Un jour elle saura pour Maïssa, et... ce jour-là, on entendra sûrement un autre son de cloche. Pour éviter la litanie habituelle, elle se contente de tourner les talons et de quitter les lieux. Un soleil radieux égayait la ville, et elle se met à marcher à petits pas, tout en humant les senteurs coutumières. Par là, c'est le jardin et ses fleurs qui embaument, quelques pas plus loin, c'est le marchand de beignets dont les relents de fritures vous prennent à la gorge, plus loin, c'est le restaurant du quartier, qui n'est pas encore ouvert à cette heure matinale, alors que des cuisines qui se trouvent de ce côté-là du trottoir se dégagent de fortes odeurs d'épices et d'oignons. Et puis, il y a le vendeur de cacahuètes avec son étalage de produits tout chauds et croustillants, et enfin le coiffeur pour hommes qui, fenêtres grandes ouvertes, vous en met pleines les oreilles des rythmes endiablés du raï, tandis que des effluves de shampooing et de lotions après-rasage agressent vos narines. Nacéra traverse tout le quartier, avant d'atterrir à la grande place de la rue principale. De là, elle pourra prendre un taxi qui la déposera au square du centre-ville. Elle jette un coup d'œil furtif à sa montre-bracelet, et constate qu'elle avait assez de temps pour faire quelques magasins de tissu, avant l'heure de son rendez-vous. Cette ballade l'occupera pour une heure ou deux, et elle pourra souffler devant les nouveaux arrivages des tissus et oublier ses préoccupations. D'ailleurs, elle avait prévu pour la prochaine saison un grand défilé de mode... Mais... pourrait-elle tenir ses engagements ? Son esprit encombré n'était pas au beau fixe en ce moment pour lui permettre d'ordonner ses idées et donner libre cours à sa créativité. Elle hèle un taxi qui la déposera une demi-heure plus tard au centre-ville, et remarque tout de suite la grande foule qui se bousculait devant l'entrée d'un grand magasin de prêt-à-porter. Les femmes tentent de trouver chacune à sa manière une échappatoire à leurs soucis... Là-dessus, elle en connaissait un bout, car elle recevait tous les jours ces passionnées de la mode qui, en fait, veulent juste paraître à leur avantage, pour camoufler les aléas du temps, ou oublier devant la glace leurs multiples soucis quotidiens. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email