La fondation Matoub-Lounès a organisé, samedi, au complexe sportif Marie-Victorin de Montréal, un méga-concert, en collaboration avec des animateurs du mouvement associatif. Trois générations d'artistes ont chanté le répertoire de Lounès. Les montagnes étaient son âme. Cet attachement viscéral à la terre nourricière s'est manifesté, samedi, à l'occasion de l'hommage organisé à la mémoire de Matoub. Une pléiade d'artistes natifs de ces mêmes montagnes sont venus à Montréal pour rendre hommage à celui qui avait su conquérir le cœur du peuple. Pour marquer le 15e anniversaire de son assassinat, la fondation Matoub-Lounès a organisé, samedi, au complexe sportif Marie-Victorin de Montréal, un méga-concert, en collaboration avec des animateurs du mouvement associatif. Trois générations d'artistes ont chanté le répertoire de Lounès. Kamel Hammadi, Allaoua Bahlouli, Djamel Allam, Boudjemâa Agraw, Rabah Ouferhat, Ali Ideflawen, Hacène Ahres, Kamel Bouyakoub, Hamid Matoub, Kamel Igman, Ali Ferhati, Yasmina et Mourad Guerbas ont, chacun, interprété une œuvre de Lounès. Y compris la mère du "Rebelle", Nna Aldjia, qui a découvert les studios montréalais pour les besoins des répétitions. Elle a chanté un achewiq à donner la chair de poule. Le public, nombreux à l'occasion, reprenait avec la star, d'un soir, cet air puisé des entrailles de la société grâce à une oralité qui a son côté pragmatique. Apostrophés par "Liberté", certains chanteurs ont bien voulu s'exprimer sur l'événement et surtout sur l'homme dont on commémore, en ce mois de juin, le 15e anniversaire de son lâche assassinat. Yasmina, de nature très sensible, a exprimé plus d'émotion que d'opinion. Elle a déclamé un poème inédit écrit le jour de l'assassinat de Matoub, le 25 juin 1998. "Lounès était un révolutionnaire", dit-elle. Kamel Hammadi a reconnu l'immense talent de Lounès. "C'est un ami, un artiste qui a beaucoup de talent et qui a beaucoup donné à la chanson kabyle. Il cherchait toujours la perfection", reconnaît le doyen des artistes qui dit travailler toujours, malgré son âge. Il aide encore les jeunes et collabore avec beaucoup d'artistes. Pour sa première participation à un hommage à Matoub, Ali Ferhati a reconnu que même si Matoub n'est plus de ce monde, son idéal n'est pas mort. Pour lui, le combat doit continuer. Rabah Ouferhat a connu Matoub très jeune. En 1971, Rabah Ouferhat avait déjà un pied dans la chanson, puisqu'il avait enregistré son 1er 45 tours avec Tala Illughen, alors qu'il était lycéen et Lounès collégien. "On était inséparables ; Lounès était un ami d'enfance", se souvient-il. Malgré sa convalescence, Hacène Ahres a fait le déplacement à Montréal. Il regrette le vide laissé par Matoub. Kamel Igman compare Matoub à une école, un repère. C'est au 10e arrondissement à Paris que Kamel, alors étudiant, a fréquenté Lounès, qui "avait révolutionné le chaâbi", selon ses dires. Hamid Matoub est un parent de Lounès. Hamid exprime un sentiment de reconnaissance envers son aîné. "C'est lui qui m'avait lancé. C'est grâce à lui que je suis devenu chanteur ; il m'avait aidé dans mon 1er album", déclare notre interlocuteur. Mourad Guerbas se dit honoré de participer à cet hommage. Il se souvient avoir abandonné l'enregistrement de son 1er album en 1998. "Le jour de son assassinat, j'étais en studio. J'ai laissé tomber mon travail pour ne le reprendre qu'en 2001", confie-t-il. Pour sa part, Boudjemâa Agraw invite l'opinion à ne pas oublier tous ceux qui sont tombés en martyrs. "C'est un devoir pour moi de rendre hommage à Lounès qui est mort pour nous. C'est pourquoi il faut sensibiliser les jeunes générations à ces épisodes noirs de notre histoire", affirme l'artiste, qui ne cache pas sa joie de voir la communauté mobilisée, y compris aux USA, pour honorer la mémoire du "Rebelle". Agraw a repris Aghuru en chœur avec le public. Ideflawen, avec ses textes engagés, a replongé l'assistance dans les années d'or du militantisme politique. Sur scène, l'orchestre, sous la direction artistique du maestro Rafik Kortebi, a été à la hauteur en jouant les créations musicales de Lounès, dont la voix continue de rugir en écho dans les montagnes du Djurdjura. Y. A. Nom Adresse email