Lorsqu'Essaïd Belkalem a quitté son village natal de Djemaâ Saharidj, là-haut perché sur les monts de Mekla, pour débarquer en septembre 2006 au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, son rêve était de revêtir le fameux maillot vert et jaune de la Jeunesse sportive de Kabylie, le club phare de la Kabylie si cher aux Imazighen. Doté d'un grand gabarit dès son jeune âge, du fait qu'il culminait déjà à 1,90 m, alors qu'il n'était que junior, l'enfant de Mekla était décidé à décrocher sa place parmi les juniors de la JSK en attendant de gravir d'autres échelons au sein du club kabyle. "Dès son jeune âge, Essaïd Belkalem était très solide et jouissait d'une éducation irréprochable. Sur le terrain, il mouillait à chaque fois le maillot, et s'il était très estimé par ses coéquipiers, il faut dire aussi qu'il a souvent été respecté aussi par ses adversaires, car il était connu et apprécié pour sa correction dans le jeu. La suite, on la connaît, puisqu'il a fini par s'imposer en équipe-fanion de la JSK pour devenir international, et aujourd'hui qu'il est parvenu à décrocher un contrat professionnel en série A italienne, il faut bien admettre qu'il aura réussi une trajectoire remarquable", dira Ali Kadri, ancien entraîneur des jeunes catégories de la JS Kabylie. La JSK : une ascension fulgurante Bien parti pour se faire un nom au sein de la JSK, il débutera sa véritable carrière de haut niveau en 2008, quand il est promu en équipe-fanion pour s'imposer au sein des Canaris, puisque le jeune prodige du Chabab Riadhi de Mekla (CRBM), son club formateur, finira par brûler les étapes. Avec un mental d'acier et un gabarit taillé dans le roc, Belkalem s'imposera très rapidement comme une véritable tour d'ivoire au sein des juniors de la JSK et ne tardera pas à subir des tests concluants à la fin de la saison 2006/2007 pour être aussitôt retenu en équipe-fanion. "Je me rappelle qu'à la fin de la saison 2006/2007, nous lui avions fait subir des tests de sélection qui se sont avérés concluants, puisqu'il a été promu en catégorie seniors", se souvient, comme si cela datait d'hier, Azzedine Aït Djoudi qui ne tardera pas d'ailleurs à en faire un pilier et une carte maîtresse en équipe nationale olympique. "Personnellement, je ne suis pas surpris par son ascension fulgurante, et le fait qu'il a décroché un contrat professionnel à Udinese n'est guère une surprise", dira Aït Djoudi, qui avait fait de lui une véritable citadelle en équipe nationale olympique. "A l'époque, j'avais bâti toute la défense, pour ne pas dire toute l'équipe olympique autour de Belkalem, car il était imposant dans le jeu et avait une forte personnalité sur le terrain et en dehors", dira encore l'ancien entraîneur olympique, qui regrette aujourd'hui encore la méchante blessure de Belkalem qui l'avait éloigné durant plus d'une année de son club, la JSK, et de la sélection olympique, et ce, en pleine phase finale pour la qualification aux Jeux olympiques de Londres. Il est vrai que Belkalem avait réussi un parcours exceptionnel avec la JSK en Ligue des champions africaine avec le coach suisse Alain Geiger, puisqu'il parvenait à se hisser avec son équipe en demi-finales de l'épreuve et ratait de très peu la qualification en finale face au tenant du titre, le Tout-Puissant Mazembe. "Je ne pourrai jamais oublier la frustration de notre élimination pour le billet olympique avec cette défaite amère au Maroc, et je suis persuadé que si Belkalem n'était pas blessé à l'époque, le billet pour Londres aurait été bien en poche", se rappelle encore Aït Djoudi avec un brin d'amertume. Le Calcio : un conte de fée ! Il faut dire qu'à Djemaâ Saharidj, le grand village où il est né, où il a grandi, où il continue de vivre au milieu des siens, tous les jeunes de la contrée ont toujours éprouvé de la fierté et de l'admiration pour Essaïd, non seulement pour sa carrière footballistique et sa notoriété internationale, mais aussi et surtout pour sa gentillesse, son amabilité et sa modestie. "Malgré sa réputation sportive et son statut de star, il est resté humble et n'a pas pris la grosse tête", nous dira un jeune villageois qui, comme tous les montagnards de la région, semble encore plus fier de Belkalem depuis qu'il a signé un contrat professionnel en Italie. "Non seulement nous l'avions vénéré depuis qu'il joue à la JSK et en équipe nationale, mais maintenant qu'il a décroché un bon contrat en Europe, nous sommes heureux pour Essaïd et très fiers de sa réussite", dira encore le jeune admirateur. C'est dire que dans la commune de Mekla, où il existe désormais deux clubs communaux de football, le CRB Mekla et l'US Djemaâ Saharidj, ils sont nombreux les jeunes talents du terroir à rêver désormais de suivre un jour les traces de leur idole Essaïd Belkalem. Des terrains vagues de Djemaâ Saharidj et de Mekla où il a avalé tant de poussière et usé tant de godasses, voilà que Belkalem s'apprête à effectuer ses premiers pas au Calcio pour vivre un véritable conte de fée. N'est-ce pas que le rêve est désormais aussi permis pour les jeunes du terroir ? M. H. Nom Adresse email