Ce plan anticancer lancé en 2006 devait aboutir, selon lui, à la réalisation de 20 centres anticancer à l'échelle nationale. Un seul est opérationnel et 5 en cours de réalisation. Coup de "gueule" du doyen des oncologues algériens et chef de service oncologie médicale au CHU d'Oran, le professeur Djillali Louafi. "On ne dirige pas la santé comme on dirige l'agriculture, la Poste ou les travaux publics, la santé ce ne sont pas des pièces détachées ou des pommes de terre ! La santé n'attend pas, c'est stratégique, c'est vitale, on ne doit pas se permettre de faire de la bureaucratie dans la santé !" lâche l'orateur sur un ton calme, donnant ainsi plus de force à ses propos. Ce dernier s'adressait à la presse samedi en marge d'une rencontre scientifique nationale qui s'est tenue à Oran, intitulée "Post Asco" et au cours de laquelle devait se faire la présentation des études et discussions qui ont marqué le plus important congrès international d'oncologie à Chicago avec la participation de spécialistes algériens. À la suite de cette déclaration et comme pour s'expliquer, l'intervenant évoquera l'énorme retard enregistré en Algérie pour la réalisation du fameux plan anticancer lancé en 2006 et qui devait déboucher en 2011 sur la réalisation de pas moins de 20 centres anticancer à l'échelle nationale et donc 20 centres de radiothérapie. Or, de ce fameux plan, un seul centre a été réalisé et est fonctionnel, à savoir celui de Messerghine, dans la wilaya d'Oran, 5 autres sont en cours de réalisation. Les raisons d'une telle situation, tout en gardant à l'esprit que cela implique des milliers de malades ne pouvant avoir accès à la radiothérapie et condamnés à terme alors que leur espérance de vie aurait dû être tout autre, serait la bureaucratie. Une gestion d'un secteur où il est question de vie et de mort qui est assurée par "des non-professionnels de la santé et où personne n'est comptable, personne ne rend des comptes !" nous dira le professeur Louafi. Pour lui, la question de la prise en charge des malades du cancer n'est pas un problème de moyens, de ressources humaines mais une incapacité des ministres successifs à appliquer le plan national de lutte contre le cancer et d'insister en parlant d'absence de volonté. Résultat : le cancer est devenu l'incidence première en Algérie alors que des malades attendent des mois un rendez-vous pour une séance de radiothérapie. C'est à ce stade de son intervention que notre interlocuteur s'emploie à expliquer que "les chiffres de 40 000 nouveaux cas de cancer chaque année ne sont pas fiables, ils sont sous-évalués et que par rapport à 35 millions d'habitants, il est plus juste de parler de 150 000 à 200 000 nouveaux cas par an. Ce n'est pas que l'on nous mente, mais les données ne sont pas fiables, il y a un réel problème de relevé des données". La radiothérapie est le véritable goulot d'étranglement, explique l'intervenant, insistant sur un dépistage inutile si le malade est ensuite abandonné et livré à lui-même. "Le dépistage est quelque chose de noble pour le court terme, prenant déjà en charge les malades. Il y a aujourd'hui des radiothérapeutes qui se tournent les pouces parce qu'ils n'ont pas de machine pour travailler, ils sont nombreux y compris des oncologues à être partis finalement en France", dira encore le doyen des oncologues algériens. À titre indicatif, l'Algérie se classe très loin des normes de l'OMS qui prévoient un service d'oncologie pour 50 000 habitants et un centre de radiothérapie pour 100 000 habitants. Nous sommes dans le ratio d'un centre de radiothérapie pour 2 millions d'habitants. Par ailleurs, les participants à la rencontre, des oncologues venus de plusieurs wilayas, ont suivi avec intérêt les toutes dernières données en matière de prise de charge des cancers, des traitements pour les tumeurs digestives, gynécologiques ou encore cutanées. D. L Nom Adresse email