La ville de Annaba est devenue une ville morte culturellement. Ses jeunes se morfondent dans un quotidien sans théâtre, sans musique, sans cinéma et sans art. Les événements culturels se font rares, et les festivals se déroulent pour la plupart à Alger. Mais depuis le 27 juin dernier, les amoureux du 7e art voient leurs soirées plus égayées et harmonieuses. Ils découvrent chaque soir un nouveau film et des formations musicales de la nouvelle scène algérienne. La manifestation "Cinéma sous les étoiles" a permis aux Annabis de se lâcher et de passer des moments agréables en groupes de copains ou tout simplement en famille. Parmi les groupes ayant marqué ces soirées qui débutent à 19h30 (avant les projections), on peut citer Ithrène d'Oum El-Bouaghi. Ces artistes ont allumé le feu, vendredi dernier, au niveau de l'ex-lycée Pierre-et-Marie-Curie. Les ados et les étudiants, qui sont restés plutôt calmes la veille durant le concert de Sacha et One Day, se sont déchaînés sur la prestation chaouie. Plus rock et plus rythmée, Ithrène a généré une ambiance exceptionnelle. Les membres du groupe ont présenté des morceaux de leur dernier album "New Tindi". La musique de cette formation est une jolie fusion entre des sonorités occidentales et du folklore chaoui. Sur de la musique jazz, blues et rock, ils chantent en chaoui pour préserver leur patrimoine et le rendre plus "visible". Composé de la fratrie Ferrah, les trois frères Mohcen, Yazid et Rabeh s'illustrent à la guitare. Le reste du groupe compte Ramzi à la batterie et Aziz El-Ayeb au chant. "Notre musique est une sorte de fusion. A l'époque, la musique chaouie existait dans les traditions Rahaba", a indiqué Mohcen. Et d'expliquer : "Sur ces mélodies, nous ajoutons des harmonies jazz et blues de nos propres compositions ou des reprises du patrimoine." Ce qui intéresse ces musiciens est "la touche chaouie". "Nous voulons faire évoluer le folklore algérien", disent-ils. Les textes de leurs compositions parlent d'amour, de la terre et de la femme chaouie. "Nous évoquons dans nos chansons tout ce qui a un rapport avec les Berbères", indiquent-ils. Pour l'écriture de ces textes, cela représente un exercice un peu difficile. "Nous effectuons un long travail de recherche sur la langue, car il y a beaucoup d'anciens mots qu'on a du mal à décrypter", nous apprennent-ils. Ithrène qui s'emploie à préserver sa culture se demande "si on ne chante pas nos traditions, qui le fera ? Les artistes occidentaux !?". Durant une heure de show, les spectateurs ont dansé et bougé sous le ciel étoilé en reprenant en chœur les paroles. A rappeler, les Ithrène ont déjà sorti deux albums et un "troisième sortira bientôt". "Nous avons préparé la maquette d'un quatrième opus qui sera entièrement en anglais", précisent-ils. La formation s'est produite de nombreuses fois à l'étranger où "le public nous a réservé un très bon accueil". Dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, Ithrène sera en concert le 5 juillet à l'esplanade de l'Oref, aux côtés de nombreux artistes. H. M. Programme de la journée A 16h à l'IF Annaba : projection du film d'animation "Mia et le Migou". Au lycée ex-Pierre-et-Marie-Curie, à 19h30 : concert de Freeklane (Alger) ; à 21h, soirée courts métrages tunisiens. Nom Adresse email