J'avoue avoir beaucoup de mal à écrire cette chronique avec un cœur qui saigne, une anxiété qui me range et une envie de liberté qui me trahit à chaque fois. Mon cœur, c'est en Egypte qu'il a choisi de rester, il m'a laissée sans voix, vide et désabusée le guetter d'ici à la terre de Carthage. Un cœur épris de liberté et volonté des peuples qui souvent inhibe ma capacité d'analyser les choses et penser de manière rationnelle, comme ils disent. Loin des politiques, loin des masques de la démocratie et des charognards de la liberté j'ai choisi de vous parler à cœur ouvert, d'une Egypte qui agonise mais qui ne mourra pas. Volonté des peuples Retour en arrière, tout a commencé quand des millions d'égyptiens ont investi les rues scandant haut et fort, la démocratie. Ils avaient pour slogans « Morsi out» « Irhal » bref, une panoplies d'étymologies pour dire « dégage » comme il l'ont fait il y a deux ans déjà, une tentative aussitôt avortée que certains ont appelé « le printemps arabe ». Une deadline arrivée trop vite, beaucoup trop vite Les tensions montaient, le peuple se faisait entendre ; anti ou pro Morsi argumentaient, se heurtaient, un balbutiement ressenti depuis Tunis et partout ailleurs, le peuple égyptien a tremblé. Un peuple que tout le monde regardait, applaudissait, mais que personne ne comprenait d'ailleurs jusqu'au moment ou j'écris ces quelques lignes, les égyptiens sont incompris. « Tamarrod » ou le déclic pour la théorie de la complexité Prémices de la théorie du chaos, la complexité commence toujours par le déséquilibre sauf que le déséquilibre est partout en Egypte, une économie vulnérable, une société en ébullition et un président élu, perdu et incapable de calmer les foules, inefficace en essayant de « rassurer » un peuple aigri. Le discours prononcé du président Mohamed Morsi ou le mot « légitimité » s'est répété 59 fois n'avait lui, rien de rassurant. Il nous a rappelé à tous un certain « ghaltouni » et « fhamtkom » de Ben Ali, président tunisien déchu il y a maintenant deux ans. Manque d'innovation ou d'arguments ? L'intention était bonne, Morsi se disait prêt à négocier, tout ce qu'il avait de son côté c'était la « légitimité » puisque c'est un président élu démocratiquement par les urnes mais qu'est ce qu'un peuple enragé et furieux, barbouillé de langue de bois peut comprendre à cela ? Les égyptiens veulent du concret, ils veulent tout et de suite, ils sont un peu comme les femmes mais ne voyez rien de péjoratif à ce que je dis, mes aphorismes sont sans arrières pensées, c'est bien ce qui fait le charme d'une femme d'ailleurs. Femme violée qui ne reconnaît pas ses violeurs Mâsr ? Tout le monde en a profité, tout le monde en a abusé telle une belle femme aux formes généreuses au visage angéliques et au regard accrocheur qui ferait sourire le plus aigri des vieillards séniles, l'Egypte continue à se battre malgré sa douleur et ce n'est ni Mobarak, ni Morsi ni Sissi qui entravera son chemin. D'ailleurs en parlant de femme violée, 91 est le nombre d'égyptiennes qui se sont fait violer à la place Tahrir, en seulement 4 jours. Leur seule erreur, c'était leur soif de liberté. Une liberté confisquée par le parti au pouvoir, un parti auquel elles ont accordé leurs voix et leur confiance aveugle. Une horreur qui fait retourner Om Kalthoum dans sa tombe, elle qui a chanté la femme, chanté l'amour. L'Egypte d'Abd Ennaser résiste On a tenté et on tente toujours de détruire les pyramides mais les maudits ignoraient que ces pyramides existent bien avant leur naissances qu'elles sont enracinées en Egypte depuis la nuit des temps, comme l'Egypte est enracinée dans nos cœurs, comme la liberté est enracinée dans l'âme et l'esprit de chaque égyptien. La loi de la rue à vaincu celle des urnes, un seul héros : le peuple Un Morsi écarté du pouvoir par l'armée, coup d'Etat militaire ou populaire ? Personne n'a osé trancher. Je ne voudrais pas jouer les politicologues mais il ne s'agit pas d'un putch, le peuple a décidé, le peuple a occupé les rues, la langue de la rue a vaincu celle des urnes. Nawara Najm a bien résumé la situation : Coup d'Etat militaire, civil, populaire et voté. Un débat intéressant entre un pro Morsi et un opposant , résume aussi bien la situation : Pro Morsi (en tentant d'éclaircir la situation) : Morsi a été élu par le peuple ; il doit donc finir son mandat présidentiel c'est-à-dire 4 ans de présidence conformément à la légitimité. L'opposant : Mais cher ami, si tu avais acheté une boite de conserve avec 4 ans de validité, et que tu l'a trouves pourrie après son ouverture, tu ferais quoi ? Si la notion même de coup d'Etat fait débat, ce n'est pas le plus important. L'Egypte ne s'arrête pas à la destituion ou la mort d'un président, « Om Eddonia » est plus grande que ça. Egyptiens épuisés, tunisiens mitigés Comme le veut la tradition en 2013 ; c'est surtout sur Facebook qu'on peut voir les échos et les réactions des gens, les Tunisiens ne savent plus ou donner de la tête quid de la situation en Egypte. Un ami publie sur Facebook : « Le peuple s'est révolté contre les Frères. Du coup, l'armée est intervenue pour protéger le système » Un autre mois enthousiaste commentait « Je crains que l'armée égyptienne, responsable à 100% d'une vraie dictature en Egypte entre 1952 et 2011 et détentrice de formidables intérêts économiques, n'ait seulement voulu ici aller dans le sens de ses intérêts. Ou alors, ô miracle! la voilà soudainement devenue un parangon de démocratie, ou au moins le bras armé de la volonté populaire. Il faudra sans doute quelque temps pour y voir clair. » Certains ont applaudi le départ de Morsi, d'autres craignent le retour du scénario algérien et d'autres disent simplement ne rien comprendre à la situation. Autopsie d'un retour au scénario algérien Avec le coup d'Etat militaire, l'Egypte revient-elle à la case départ ? Quel est le réel soutien populaire de cette deuxième révolution ? L'Egypte 2013 est-elle dans une situation comparable à l'Algérie en 1992 ? Depuis l'après-midi déjà, les Algériens des réseaux sociaux s'étaient emparés de la crise égyptienne pour en faire des lectures croisées avec l'interruption du processus électoral de janvier 1992 et le début de la décennie noire. Une actualité qui a ravivé une vieille querelle entre éradicateurs et réconciliateurs. D'ailleurs qui d'entre nous ne l'a pas fait ? Le départ de #Morsi peut faire basculer l' #Egypte dans le chaos comme en#Algérie où les islamistes du FIS ont été privés de leur victoire, — Omar Ouahmane (@ouahmaneomar) July 2, 2013 L'interruption du processus électoral en Algérie, janvier 1992 a fait plonger l'Algérie dans une décennie de violences et de déchirure que le pays paye jusqu'à aujourd'hui, qu'en sera-t-il pour l'Egypte ? Le temps nous le dira. Silence ça tue, l'espoir est difficile à retenir lorsqu'il veut s'envoler Lourd bilan de la nuit d'hier, 7 juillet, plus de 51 morts et 1000 blessés dans divers endroits lors d'affrontements entre les frères musulmans et leurs soutiens et les forces de l'ordre. Sans parler du massacre filmé dans une mosquée à l'aube, une véritable barbarie, des âmes humaines ont été tuées sans pitié, le sang des Egyptiens coule à flost, comment sera la fin ? L'Egypte de Cheikh Imam, d'Oum Kalthoum et de Taha Hussein ne tombera pas La chanson d'Om Kalthoum m'inspire « la voix de la nation « sawt al watan » écrite par Ahmed Ramy, l'Egypte de mes pensées, l'Egypte sur mes lèvres. Je te rassure, feu cheikh Iamam, Guevara n'est pas mort, il vit en chaque Egyptien libre, avide de liberté, épris de dignité. Vous pouvez dormir en paix, l'Egypte ne mourra pas, l'Egypte vaincra... Avec tout mon amour M.E.B PS : il serait intéressant de poster la chanson d'Om Kalthoum à la fin, voici le lien http://www.youtube.com/watch?v=wZhBvtts3OA Lire les anciennes chroniques : - Etat des lieux - La Tunisie, entre saints barbus et seins nus -Tunisie, le pays de onze millions de vents Nom Adresse email