La confrérie des Frères musulmans s'en remet à l'Union européenne dont elle a sollicité la médiation. Gehad el-Haddad, porte-parole du parti de l'ex-président Morsi incarcéré et objet d'une enquête judiciaire pour de multiples chefs d''accusation, dont "l'espionnage", a déclaré que la proposition avait été soumise à Bernardino Leon, émissaire de l'UE, avant la visite au Caire, mercredi, de la haute représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Le diplomate européen a confirmé avoir proposé les bons offices de Bruxelles pour tenter de résoudre la crise. La proposition telle qu'elle a été décrite par Gehad el-Haddad est à ses premiers pas. Ce dernier n'a pas donné de détails, la décrivant seulement comme un "cadre" devant permettre d'"ouvrir un espace de dialogue avec l'armée" qui a destitué Morsi et mis en œuvre la feuille de route de la seconde séquence de la révolution du Nil. Le pouvoir intérimaire post-islamiste est en place, au complet. Conscients de leur perte, les Frères tentent de négocier une place dans le nouvel échiquier. C'est l'évidence même, à moins qu'ils accréditent l'idée d'un redéploiement du type ex-FIS en Algérie et dont les prémisses sont, par ailleurs, données par les récents attentats terroristes dans le Sinaï. Lors de sa visite au Caire, Catherine Ashton a rencontré pendant trois quarts d'heure plusieurs responsables des Frères musulmans, dont l'ancien chef du gouvernement, Hicham Kandil, contrairement au secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis, William Burns, lequel était dans la capitale égyptienne deux jours avant elle et n'a pas rencontré de responsables du parti de Morsi. La confrérie des Frères musulmans serait donc prête à des négociations politiques, y compris sur l'organisation d'élections devant donner un successeur à Mohamed Morsi. Quant à l'exigence de l'annulation par l'armée de son décret qui a entraîné la destitution de Morsi, elle est destinée à la consommation interne du parti, pour ses militants et sympathisants toujours mobilisés dans les rues du Caire. Il semble que les Frères musulmans veuillent obtenir des garanties internationales que l'armée n'annulera plus les élections futures, les législatives programmées d'ici six mois. Pour les présidentielles, ils savent que le peuple égyptien a bu la tasse islamiste et que la moitié de l'électorat, sinon plus, a compris que les islamistes n'ont adhéré à la démocratie élective que pour s'emparer du pouvoir et que jamais ils auraient envisagé l'idée de le lâcher. En outre, les Frères voudraient également ne pas être exclus dans la rédaction de la nouvelle Constitution. Pour cette dernière, ils savent qu'ils ont l'appui des salafistes bien que ces derniers n'ont pas été solidaires avec eux lorsque Morsi a été déposé. Le parti Ennour était même partie prenante du coup d'Etat en s'affichant avec les auteurs du coup d'Etat auxquels ils ont claqué la porte tout de suite après que les militaires eurent tiré sur la foule de pro-Morsi, occasionnant une cinquantaine de morts. D. B Nom Adresse email