La justice égyptienne a décidé, hier, de placer le président déchu Mohamed Morsi en détention préventive pour une durée de 15 jours, pour les besoins de l'enquête concernant sa complicité présumée avec Hamas, dans des violences dans le pays et une évasion de prison début 2011, au cours de la révolte ayant conduit à la chute de l'ex-président Hosni Moubarak. Selon l'agence officielle, Mena, a révélé que cette décision entre dans «le cadre de cette procédure concernant son implication présumée dans des attaques contre la police, et son évasion de la prison de Wadi Natroun (nord-ouest de la capitale, ndlr) à la même époque». À l'époque, M. Morsi avait donné sa version, en soutenant que lui et 33 autres membres de la confrérie musulmane emprisonnés ne s'étaient pas évadés mais que «des habitants leur avaient ouvert les portes de leur cellules». De leur côté, des sources de sécurité avaient affirmé que des milliers de prisonniers avaient envahi les gardiens de la prison de Wadi Natroun et s'étaient dispersés dans les villes et les villages avoisinants. Autre élément à retenir : un tribunal égyptien avait statué, le 23 juin dernier, que le Hamas palestinien était impliqué dans l'évasion de prisonniers, dont le président destitué Mohamed Morsi. Réagissant à la décision du tribunal, les Frères musulmans ont interprété celle-ci comme un «retour au régime Moubarak», lequel avait emprisonné bon nombre d'activistes islamistes, dont Mohamed Morsi. Gehad Al-Haddad, le porte-parole du mouvement dont est issu M. Morsi, a estimé hier que les accusations portées contre ce dernier à propos des liens présumés avec Hamas palestinien «sonnent comme une vengeance de l'ancien régime, qui indique qu'il fait un retour en force». Mohamed Morsi, détenu par l'armée égyptienne avec certains de ses collaborateurs, depuis sa destitution le 3 juillet 2013, est le premier président islamiste et civil d'Egypte (élu en juin dernier). Une partie de la population et l'opposition le contestait et l'a accusé d'accaparer le pouvoir au profit des Frères musulmans. Le 3 juillet, l'armée, arguant que M. Morsi ne pouvait régler la grave crise politique qui secouait le pays, l'a déposé et a nommé un président civil intérimaire, chargé de gérer la transition, avant la tenue de législatives, en principe début 2014, puis d'une présidentielle. Le mandat de M. Morsi a été marqué par des crises à répétitions souvent accompagnées de violences mortelles. En un mois, celles-ci ont déjà fait plus de 200 morts, à la fin du mois. À l'étranger, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé «toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue». Faisant écho à Washington et à l'Union européenne, il a en outre appelé l'armée à libérer M. Morsi et d'autres dirigeants islamistes, ou à garantir que «leurs dossiers soient examinés de façon transparente sans plus attendre». Hier, des Egyptiens se sont rassemblés pour des manifestations rivales, à l'appel du chef de l'armée, le général Al-Sissi et des Frères musulmans. Selon des témoins et des sources de sécurité, des affrontements ont éclaté entre les partisans et les adversaires du président destitué Mohamed Morsi. En début d'après-midi, le quartier de Choubra a été le témoin d'un échange de jets de pierres et de bouteilles entre les pro-Morsi et leurs adversaires. H. A/Agences Nom Adresse email