Il était temps ! Le gouvernement algérien a décidé de frapper fort aux frontières terrestres afin de mettre un terme à la saignée du carburant vers les pays voisins. Lors d'un Conseil interministériel (CIM) consacré à la lutte contre la contrebande et présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, plusieurs mesures concrètes ont été prises pour renforcer le contrôle dans les zones frontalières concernées par ce fléau qui cause un déficit net de 1 milliard de DA/an à l'économie nationale. Sellal a d'abord ordonné de reconsidérer les dispositifs de lutte contre la contrebande de carburant, mais également d'autres produits de première nécessité, de cheptels et de métaux ferreux et non ferreux. Ces mesures rapportées par le sous-directeur chargé de la lutte contre la contrebande à la DG des douanes, Henad Rezki, doivent faire l'objet de mécanismes d'application, avec en appoint l'obligation de résultat. Appelés à renforcer leur présence sur les frontières, les services des douanes trouvent du mal à se positionner sur une frontière longue de plus de 6 000 km. Face à cette situation, le gouvernement compte lever cette contrainte en instruisant les services de sécurité et les douanes de coordonner leurs actions pour mieux occuper le terrain sur les frontières. De nouveaux postes pour contrôler 6 000 km de frontières En ce sens, une convention a déjà été signée entre les douanes et la Gendarmerie nationale afin de combiner leurs actions sur les bandes frontalières. M. Henad précisera que «c'est une utilisation rationnelle des effectifs de la DGSN, des gardes-frontières (GGF) et des douanes qui a été recommandée par le gouvernement pour resserrer l'étau sur les contrebandiers». La même source révélera que dans ce nouveau redéploiement, l'institution douanière va mobiliser tous ses effectifs de surveillance, soit 17 brigades opérationnelles mobiles, dont l'effectif s'élève à 540 agents douaniers et qui assureront la couverture des frontières ouest avec le Maroc, fermées depuis 1994, et d'où transite l'essentiel des carburants. Il indiquera, par ailleurs, que ces brigades sont déjà déployées à Maghnia et Ghazaouet, à Tlemcen, Saïda et Sidi Bel-Abbès. À l'Est avec la Tunisie, l'effectif s'élève à 217 douaniers et 9 brigades mobiles. Toutes ces brigades sont appelées, selon de Sellal, «à agir d'une manière harmonieuse et coordonnée avec les services de sécurité pour rendre les frontières moins poreuses». M. Henad a également annoncé que 3 000 autres agents seront recrutés pour les 79 postes de douane et de surveillance (PDS) et recevront une formation paramilitaire. Les véhicules à double réservoir, c'est fini ! Autre mesure décidée par le CIM : la saisie systématique des véhicules à double réservoir. À ce propos, les services de sécurité et les douanes sont appelés, en application de ces mesures gouvernementales, à saisir systématiquement tous les véhicules dotés de cachettes aménagées pour carburant ou d'un double réservoir, généralement aménagé sous la partie arrière du châssis des voitures et des camions. Sellal a ainsi recommandé aux services des mines, dans chaque wilaya, de réaliser, dans le cadre du contrôle technique, des fichiers sur les véhicules à double réservoir réalisés d'une façon artisanale. Cette application permettra aux services de sécurité et des douanes de remonter aux réseaux de contrebandiers qui recourent à cette méthode. Le même procédé permettra également d'identifier tous les véhicules interdits à la circulation et souvent utilisés dans le transport des carburants, mais surtout de remonter aux propriétaires de ces véhicules non répertoriés une fois abandonnés lors des embuscades menées par les services de sécurité. Les stations-service et les agriculteurs sous la loupe Une autre bataille sera livrée au sein des stations-service où la présence des policiers et des gendarmes est vivement recommandée par le gouvernement. Même si les modalités de présence des services et des douanes au niveau de ces points de vente de carburant n'ont pas encore été arrêtées, il n'en demeure pas moins que les gérants de ces stations-service seront instruits pour refuser de servir du carburant aux propriétaires de véhicules à double réservoir ainsi que de vendre de l'essence en vrac dans des jerricanes. Enfin, l'ultime action sera menée en coordination avec le ministère de l'Agriculture afin de débusquer les faux agriculteurs qui alimentent les contrebandiers. Pour rappel, l'Algérie accuse un manque à gagner de 1,5 milliard de litres de carburant, soit de 100 milliards de dinars (1 milliard d'euros), et qui alimentent frauduleusement 600 000 véhicules au-delà de nos frontières, a révélé le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. Bien avant, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, avait indiqué que 25% de la production nationale de carburant était gaspillée et exportée illégalement à l'étranger. F B Nom Adresse email