Les uns y viennent pour déjeuner à la belle étoile, les autres pour vivre de fortes sensations le temps d'une séance du cirque qui a pris cette année ses quartiers à cet endroit. Ardis, 19h45, en ce 11e jour du Ramadhan. Dans le grand parking du centre commercial, un espace dédié aux familles est animé. Les lieux n'offrent pas de restauration mais, spontanément, nombreuses sont les familles qui viennent piqueniquer et rompre le jeûne sur place. Tout est fait selon les règles de l'art, même les sacs de poubelles sont préparés pour nettoyer à la fin du repas. La table est dressée. De l'entrée au plat de résistance en passant par le lait et les dattes, tout est mis en place, tout le monde est confortablement installé sur les tables en bois et n'attendent que le signal du muezzin pour commencer à manger. Rencontrée sur place, une famille d'Adrar opte pour le plein air pour la rupture du jeûne que de rester à la maison. "C'est le deuxième jours consécutive que nous venons manger à Ardis", nous dira le père de famille, tout heureux de se retrouver à cet endroit. "Nous passons toujours nos vacances à Alger. Comme cette année ça a coïncidé avec le Ramadhan, nous avons décidé de sortir de la routine. Venir manger à Ardis est un moyen de rompre avec le quotidien", ajoute notre interlocuteur. "Ça nous change de la maison. Déjeuner face à la mer et sous les étoiles, en plus de la fraîcheur et de la sécurité, est le cadre idéal, surtout pour une famille qui vient du sud du pays", souligne la mère de famille. Tout enthousiaste, un des enfants renchérit : "Je suis très content de venir manger ici, c'est mieux qu'à la maison, nous avons la plage et les gens sont respectueux." Bien que les parents ne cachent pas qu'ils font face à quelques désagréments. "C'est vrai qu'avant le f'tour, nous avons la paix, mais juste le repas fini, des jeunes viennent nous sommer de partir pour occuper les tables et jouer aux dominos", regrette le père de famille. En face, un groupe d'amis, venus eux aussi rompre le jeûne à la belle étoile, se hâte à dresser la table. Tout est fait dans le détail. Plats en poterie, service de table, chorba, boureks, tout est mis en place pour recréer l'ambiance de la maison, même la petite nappe à fleurs. Donia, étudiante d'anglais en Turquie qui est à l'origine de l'initiative, fait savoir : "J'ai lancé un appel à mes amis sur facebook et plusieurs ont adhéré à l'idée. Nous sommes près de 25 personnes réunies à cette table où chacun d'entre nous a apporté quelque chose. Le cadre et la sécurité qu'offrent les lieux nous ont amplement encouragés à venir." Le cirque pour les familles et les soirées "movies" pour les jeunes Avant le f'tour, tout tourne au ralenti, mais une fois le jeûne rompu, la situation change, les endroits d'animation sont pris d'assaut. 21h30. En ce deuxième jour du week-end, le crique, qui s'invite en Algérie jusqu'au 24 août, affiche déjà complet, bien que les lieux comptent 1 500 places. Il y a foule au niveau des caisses pour l'achat de billets. Après plusieurs tentatives d'avoir un billet pour le spectacle de la soirée, des familles, venues prendre l'air, se résignent et rebroussent chemin, déçues. Selon les vendeuses, les guichets sont ouverts de 11h à 20h et de 21h à 1h du matin, mais les tickets se vendent comme des petits pains, et ce, malgré les prix qui varient entre 1 500 DA et 900 DA. "Depuis le début de Ramadhan, c'est la première fois que nous sortons et à notre grande surprise, c'est complet. Alors, nous allons rentrer à la maison", nous raconte avec déception une mère de famille venue avec ses enfants assister au spectacle. "On nous a dit qu'il faut venir tôt le matin pour avoir les tickets pour le soir même. Comme pour aujourd'hui, c'est trop tard, nous avons pris des réservations pour demain", poursuit-elle. "Le rush est partout. Le manque de lieux de détente fait que de nombreuses familles sont condamnées à rester chez elles. Nous sommes partis au parc des Pins-Maritimes, il est noir de monde", ajoute-t-elle. Même son de cloche chez un jeune couple venu assister à la présentation qui ne trouve pas de place. Voyant leur plan tombé à l'eau, le jeune couple ne cache pas sa déception. "Il n'y a pas où aller et les animations manquent cruellement. En plus, elles ne sont pas accessibles à tout le monde", regrette le jeune homme. "Je voulais passer une soirée agréable avec mon amie, c'est annulé pour aujourd'hui et nous n'avons pas où passer une agréable soirée sans se ruiner", poursuit le jeune homme. Le cirque n'est pas la seule nouveauté pour ce mois sacré ; les habituelles kheïmate subissent la concurrence d'un autre genre d'animation tel le sky loungue movies du karting de Chéraga. Les lieux proposent un loungue cinéma outdoot offrant la possibilité à près de 500 personnes de visionner, de 21h à 3h du matin, les dernières sorties ainsi que les meilleurs blockbusters du cinéma mondial, et tout cela à la belle étoile. Les films sont projetés à partir de la Nissan 370Z qui met une touche supplémentaire à l'originalité des lieux. Bien que la vie nocturne reprenne durant le mois de Ramadhan, les choix restent toujours limités. La cause : les prix affichés. Devant cette réalité, beaucoup de familles restent à la maison se rabattant sur les programmes télés. D S Nom Adresse email