Le tout nouvel émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a effectué une visite en Arabie saoudite, la première à l'étranger depuis son accession au trône fin juin. Sous prétexte d'un petit pèlerinage, il s'est entretenu avec le roi Abdallah à qui il a fait acte d'allégeance. Tamim, trentenaire, a accédé au trône le 25 juin après l'abdication de son père, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, une démarche sans précédent dans le monde arabe mais dit-on sous la pression de Washington, lassé par la diplomatie islamiste tous azimuts que celui-ci avait imprégné au Qatar et dont les printemps islamistes ont été les conséquences de sa politique du chéquier. Le jeune émir a promis d'entretenir de "très bonnes relations" avec l'Arabie saoudite, alors que Riyad et Doha avaient eu des rapports tumultueux sous le règne de son père. Des rapports qui se sont tendus dans la foulée du "printemps arabe", notamment en Syrie, et, plus récemment, en Egypte, où s'est cristallisée la rivalité entre le Qatar et l'Arabie saoudite, en lutte pour étendre leur influence régionale. Tamim, dans son discours d'intronisation, a affiché ouvertement sa détermination de revoir la politique interventionniste de son père qui avait fini par susciter dans les opinions publiques arabes, la méfiance pour son soutien sans réserve aux islamistes ayant accédé au pouvoir dans les pays du printemps arabe et pour tous les autres qui ont une prétention identique. Depuis, le Qatar a perdu du terrain sur la scène régionale, au profit de l'Arabie saoudite qui a repris l'initiative dans les dossiers-clés de l'Egypte, où les Frères musulmans sont en perte de vitesse, et de la Syrie. Les deux pays, bien que salafistes, soutiennent deux approches "différentes" de l'islam politique : le Qatar s'est rangé du côté des partis politiques issus des Frères musulmans alors que l'Arabie saoudite fait la promotion de groupes salafistes plus portés sur des questions religieuses comme le port du voile islamique ou l'interdiction de la mixité. L'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole dans le monde et chef de file de l'OPEP, et le Qatar, riche monarchie gazière, sont membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe aussi Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït et Oman. D. B Nom Adresse email