Abderrezak Makri, qui s'attelle depuis son élection à la tête du MSP à peaufiner son image de leader de la mouvance islamiste légale, en ayant certainement derrière la tête l'idée d'une probable candidature à la présidentielle 2014, continue d'enchaîner les initiatives. Il y a trois jours, il a réuni au siège de son parti les quatorze formations politiques regroupées sous le label de "groupe de défense de la mémoire et de la souveraineté", des formations sans ancrage pour la plupart, soit dit en passant, mis à part le MSP. Objet de la rencontre : la situation qui prévaut en Egypte. Manière subliminale pour le successeur d'Abou Djerra de se donner ainsi une stature de chef islamiste de dimension internationale. Un peu façon Erdogan, le Premier ministre Turc, le premier à s'opposer vent debout à la destitution de Mohamed Morsi. Cette réunion, qui a servi de faire-valoir à l'ambition de Makri, s'est ainsi soldée par un communiqué appelant au "respect de la démocratie" à la faveur de laquelle, le président égyptien déchu par la rue est arrivé au pouvoir Cette manifestation de solidarité des islamistes algériens vis-à-vis de leurs "frères" en Egypte et en Tunisie s'entend dans l'absolu. Mais, dans le même temps, elle trahit une grave méprise politique de leur part en continuant à penser que le président Mohamed Morsi est victime d'un putsch. Il est vrai que ce dernier est porté à la présidence d'"Oum Edounia" par la grâce du suffrage universel, qui est un des standards de la démocratie. Mais, ces mêmes électeurs qui lui ont donné la majorité, toute relative, n'ont pas tardé à changer d'avis, constatant son incapacité et celle de son équipe à gérer un Etat. Gérer, un verbe que les islamistes ne savent pas encore conjuguer au présent, car il fait appel à des compétences plus complexes que celles des harangues enflammées. Alors, Abderrezak Makri, au lieu de rêver à un Printemps arabe version algérienne, au lieu de faire aussi une sorte d'arrêt sur image sur l'élection démocratique de Mohamed Morsi, aujourd'hui totalement dépassé par l'enchaînement des événements en Egypte, il serait sans doute plus inspiré à méditer les causes qui ont conduit à l'échec de la parenthèse islamiste en Egypte. Et surtout avoir le courage de faire des révisions déchirantes, par rapport à des certitudes obsolètes, s'il veut aller au bout de son ambition. Nom Adresse email