L'onde de choc affectant les Frères musulmans en Egypte n'est pas sans impact sur la mouvance islamiste des pays de la région. En Algérie, ses répercussions se font déjà sentir chez le Mouvement de la société pour la paix. Abderrezak Makri tente de minimiser l'échec essuyé par Mohamed Morsi tout en se montrant embarrassé par la situation peu confortable que vivent les Frères musulmans égyptiens. S'exprimant lors d'une rencontre-débat organisée dans la soirée ramadhanesque d'avant-hier autour du thème «Les révolutions arabes et l'avenir des islamistes», M. Makri a longuement tenté de justifier la déroute des islamistes en Egypte particulièrement et dans le monde dit arabe en général. Pour lui, le sous-développement et la régression dans les régions du Moyen-Orient et du Maghreb sont le fruit des systèmes arabes corrompus. Makri, qui refuse ainsi de parler d'échec des islamistes, juge que ces derniers sont les victimes de l'acharnement de l'armée dans les pays dits arabes qui, regrette-t-il, fait tout pour empêcher les islamistes d'accéder au pouvoir. Dans la foulée, il a tenté de dédouaner Morsi et ses partisans, allant jusqu'à nier la volonté exprimée par le peuple égyptien pour «dégager» les islamistes du pouvoir. «Le problème des islamistes dans les pays de la région, y compris chez nous, est leur éternel conflit avec l'armée, cette dernière a toujours empêché les islamistes d'accéder au pouvoir», rappelant ainsi de façon subliminale ce qui s'est passé en Algérie en 1991. «N'eut été le conflit avec l'armée, le courant islamiste reste le seul capable de gagner aux urnes et donc prendre le pouvoir, pour peu qu'il y ait des élections transparentes», a ajouté le chef du parti islamiste, se gaussant du reste des partis composant la classe politique nationale. Makri juge ainsi que «seul le courant islamiste est réellement ancré dans les sociétés arabes et que les partis d'autres obédiences n'y sont pas enracinés». Cette approche négationniste n'a pas laissé de marbre l'assistance, et particulièrement les deux chercheurs universitaires, Zoubir Arous et Boumedienne Bouzid, invités à animer le débat. Plus percutant, M. Arous a invité le leader du MSP à présenter un programme politique et non pas parler au nom du Coran. «Présente-nous quelque chose de concret : un programme», lui a-t-il préconisé, tout en remettant en cause le «discours négationniste » tenu par le chef du MSP. «Cessez de croire que vous êtes seuls dans le paysage politique ; vous devez reconnaître l'existence d'autres partis politiques et leur ancrage dans la société. Que vous sachiez aussi que la société algérienne est loin d'être composée que d'islamistes !» a rappelé le même universitaire au leader islamiste. Cela étant, M. Arous reste convaincu que «tout projet fondé sur la religion est un projet à perspectives très limitées». Développant une approche plutôt philosophique, M. Bouzid a, pour sa part, appelé Makri et ses partisans islamistes à cohabiter avec le reste de la classe politique et tenter de construire un projet nationaliste et non pas forcément islamiste. F A Nom Adresse email