Considérant que l'ancien ministre de l'Energie est condamné sur la base de rumeurs, il en appelle au respect de la présomption d'innocence et des règles de procédure pénale. Après la sortie médiatique du procureur général d'Alger, qui avait annoncé lundi des mandats d'arrêt internationaux notamment contre Chakib Khelil et sa famille, c'est une véritable contre-offensive qui est orchestrée. D'abord par le concerné lui-même qui plaide non-coupable, dans des entretiens publiés hier dans des journaux arabophones. Puis, surprise, par le président de la Commission consultative des droits de l'Homme, Me Farouk Ksentini, qui bat en brèche les déclarations du PG d'Alger, dans un communiqué envoyé à l'APS. La présomption d'innocence est "un principe constitutionnel du bénéfice et la protection duquel personne ne peut être privé", a-t-il rappelé. "L'Etat de droit ne s'accommode nullement du lynchage médiatique et la présomption d'innocence est un principe constitutionnel du bénéfice et la protection duquel personne ne peut être privé", a souligné M. Ksentini. "L'honneur de notre pays est celui d'être et de se comporter comme un Etat de droit et même plus comme une société de droit dont la caractéristique essentielle se ramène au respect de l'individu quels que soient l'enjeu et les circonstances", a-t-il estimé. "Mais il sera observé qu'aujourd'hui à l 'occasion de ce qu'il est convenu d'appeler l'affaire Sonatrach 2, un ancien ministre est médiatiquement malmené avant même que cette personne n'ait été entendue dans ses explications quant aux faits qui lui sont imputés et avant qu'elle n'ait été confrontée à ses accusateurs", a ajouté le président de la CNCPPDH. Il a considéré que l'image de la justice algérienne devant être transmise est celle d'une "institution sereine", "scrupuleusement respectueuse" de la présomption d'innocence, des règles de la procédure pénale qui commandent en l'occurrence la transmission du dossier à la Cour suprême "en vertu du privilège de juridiction institué par la loi elle-même". "Nous devons refuser les condamnations hâtives fondées sur la rumeur persistante et parfois sur la malveillance", a conclu M. Ksentini. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre l'ancien ministre de l'Energie et des Mines et contre huit autres personnes dans cette affaire, dont sa femme, ses deux fils et Farid Bedjaoui, avait annoncé lundi le procureur près la cour d'Alger, Belkacem Zeghmati, lors d'une conférence de presse. Les mandats d'arrêt lancés à l'encontre des neuf mis en cause ont pris effet depuis deux semaines, avait précisé M. Zeghmati. Chakib Khelil avait assuré, rappelle-t-on, la présidence du groupe pétrolier algérien Sonatrach, alors que le nommé Farid Bedjaoui est présenté par la presse algérienne et italienne comme ayant servi d'intermédiaire dans le versement de commissions pour l'obtention de contrats pétroliers en Algérie au profit du groupe italien Saipem. En Italie, la justice locale a déjà lancé un mandat d'arrêt international contre Farid Bedjaoui, poursuivi dans la même affaire, qui concerne dans la péninsule italienne le groupe Saipem, accusé d'avoir versé des pots-de-vin entre 2007 et 2009 pour l'obtention de sept contrats en Algérie d'une valeur globale de 8 milliards d'euros, selon la presse italienne. Les montants des pots-de-vin sont estimés, selon la procédure judiciaire italienne, à 197 millions de dollars, et versés en commissions à la Pearl Parteners Limited, domiciliée à Hong Kong et propriété de Farid Bedjaoui, selon les comptes rendus de la presse italienne. R. N./APS Nom Adresse email