La triste nouvelle est tombée dimanche 18 août 2013 au matin : le colonel Kerkeb, affectueusement connu sous le nom de Si Mokhtar, nous a fait son dernier adieu. Par-delà la douleur qui est la nôtre, ses compagnons de lutte, ses amis et les siens, tous unis dans cette perte irréparable, il est de notre devoir aujourd'hui de rappeler ce que sa légendaire modestie a toujours caché. Hier encore, l'Angola l'honorait pour le rôle éminent qu'il a joué au sein du combat armé pour l'indépendance de ce pays. Quiconque connaît l'Afrique combattante sait que "Si Mokhtar" est le nécessaire sésame de Luanda à Maputo et de Bissau à Pretoria. Dès 1963, le regretté Mokhtar Kerkeb, après son engagement de la première heure dans les rangs de l'Armée de libération nationale, entamait son soutien actif aux mouvements de libération en Afrique en participant à la création de camps d'entraînement tels que celui de Bagamoyo en Tanzanie. Pour avoir été son compagnon de lutte à cette époque, je me souviens avec émotion de l'immense respect qu'avait pour lui les militants du MPLA et du Frelimo, ceux-là mêmes qui, formés par lui aux techniques de la guerre de Libération, étaient appelés pour certains aux plus hautes fonctions de leur pays enfin libéré. À ceux qui pensaient qu'il se contentait de son rôle d'instructeur, il faut rappeler que Si Mokhtar a passé de longues semaines à risquer sa vie à l'intérieur des maquis angolais aux côtés du futur président angolais Agostinho Neto. Il me souvient que le président Neto m'avait confié que sa présence parmi les maquisards du MPLA avait non seulement apporté ce souffle de confiance hérité de son passé de moudjahid mais qu'il symbolisait à leurs yeux, par sa présence physique sur le terrain, l'engagement total de l'Algérie. Ce témoignage du regretté président Neto est d'autant plus important que, de tout le groupe d'officiers africains désignés par l'OUA pour enquêter sur la réalité des combats, il fut le seul à oser entrer en Angola et risquer sa vie face aux troupes coloniales portugaises, convaincu qu'il était du nécessaire soutien de l'Algérie à la libération totale de l'Afrique. Plus que ma modeste personne, plus que ses compagnons d'armes Rafik, Idir, Radjah, Abdelkader et tant d'autres, le meilleur témoignage est celui de ces anciens combattants africains de la lutte de Libération nationale qui à la triste nouvelle de sa disparition, ont tenu à marquer leur douleur et leur affliction. Nombreux aussi sont ces Mauritaniens qui se souviennent de l'immense travail qu'il a fourni en tant qu'ambassadeur d'Algérie dans ce pays frère. En te disant : "Adieu si Mokhtar", tu resteras toujours vivant dans nos cœurs et dans le cœur de tous ces enfants d'Afrique auxquels tu as tant donné. "Inna lillahi oua inna illaihi radji'oun". Au nom de tous ses anciens compagnons d'armes NOUREDDINE DJOUDI Nom Adresse email