Boubakar Adjali, Bob, Kapiaça pour les guérilleros angolais, Nicolaüs Husseini, dans les maquis du Frelimo, n'est nullement connu des siens, lui l'enfant des Aurès. Il est né en 1939 à Meskiana dans les Aurès et meurt à New York à l'âge de 68 ans, le 14 décembre 2007. Un journal de marche dans les maquis de l'Angola, voilà ce que laisse entres autres legs l'Algérien Boubakar Adjali du nom de guerre Kapiaça. 57 jours d'une longue marche aux côtés des combattants du MPLA, une aventure entreprise avec une foi inébranlable au nom d'un idéal pour la liberté des peuples du tiers-monde. Le lien entre les maquis de l'Angola et ceux algériens est puissant, indélébile pour cet enfant de l'Est algérien, qui confie dès le début de ce journal de marche : «mon soutien aux luttes de libération a été total, engagé et désintéressé. Il émanait directement de mon histoire antérieure et de notre propre guerre de libération où mes engagements s'étaient forgés…» Les mots sont dits, la pensée est exprimée, Boubakar Adjali veut apporter sa contribution, une fois l'Algérie indépendante, à témoigner contre la machine infernale des guerres coloniales. L'auteur, journaliste, reporter de guerre, photographe, s'est aguerri dans les maquis algériens au cours de la guerre de libération, lorsqu, à 17 ans, adolescent il gagne les rangs de l'ALN. Militant convaincu des droits des peuples à la liberté, il adhère à différents mouvements de libération dans le monde. La traversée des maquis au sein d'une colonne commence un 15 août. Le compagnonnage avec les guérilleros en tant que reporter de guerre lui vaut d'être au centre d'évènements cruciaux qui aboutissent un certain 26 octobre 1970 à la frontière zambienne non sans le lot dramatique des privations, de peurs et d'appréhensions : «la forêt brûle des deux côtés de notre chemin…. ensuite des marécages où l'eau est glaciale mais nauséabonde». qu'est-ce qui fait qu'un homme ayant échappé à la mort dans les maquis algériens replonge dans d'autres enfers que sont les guerres où les forces en présence sont disproportionnées, si ce n'est cet idéal suprême d'affranchir certains peuples du joug colonial…. Boubakar Adjali est de ceux-là. Systématiquement au cours de ce long périple il revient aux épisodes de la guerre d'Algérie et des similitudes lui reviennent à l'esprit. «L'Angola ressemble à l'Algérie… le napalm une arme de terreur… je connais ces visages des bombardements au napalm…» Un vieillard dans un des dizaines de camps, fera de Adjali un messager, ne l'est-il pas déjà en tant que reporter, photographe et militant des causes justes ? Il lui dira : «Dis à Neto toutes les souffrances que tu as vues, dis-lui tout…. Dis-lui les avions… Mais dis- lui que nous continuerons…» António Agostinho Neto Kilamba est un homme politique angolais, premier président de l'Angola et secrétaire général du Mouvement populaire de libération de l'Angola.