Ce prénom masculin, inconnu il y a encore quelques décennies, s'est propagé en Algérie au cours des années 1980. C'est pourtant un nom connu de l'histoire religieuse puisqu'il figure parmi les noms des compagnons du Prophète. Le nom est issu de l'arabe, bilâl (bienfait, avantage) du verbe balla, dans le sens figuré de "récompenser quelqu'un de quelque chose, de lui faire avoir quelque chose". Le Bilal le plus connu de l'histoire est, assurément, Bilala Ibn Rabah, compagnon et premier muezzin du Prophète. On l'appelle aussi Bilal al-Habachi, c'est-à-dire Bilal l'Ethiopien, en raison de ses origines africaines. Il est né à la Mecque, mais sa mère, Hammama, a été capturée au cours d'une razzia. Selon les sources, cette femme, était la nièce d'Abraha, le roi du Yemen qui, à la naissance du Prophète, avait marché sur la Mecque dans l'intention de détruire la Kaaba. Abraha était parti avec ses éléphants, Hammama faisant parti de l'expédition. Les Arabes ont essayé de stopper l'avancée mais ils échouèrent. C'est alors que Noufayl Ibn Habib, chef de la tribu des Banu Kath'am a attaqué le cortège de Hammama. Il s'emparèrent d'elle et l'offrirent aux Banu Jumah. Elle fut ainsi réduite en esclavage et échut à Oumaya Ibn Khallaf, chef de la tribu. Plus tard, Hammama fut mariée à un autre esclave, Rabah, et de cette union sont nés trois enfants dont Bilal. Devenu adulte, Bilal se fait connaître par sa probité : c'est pourquoi Oumaya le désigna comme responsable du temple et des idoles de la tribu. Mais dès que le message de l'Islam s'est diffusé, il n'hésita pas à se convertir, en dépit de l'hostilité de ses maîtres. Oumaya découvrit sa conversion : il le tortura cruellement mais il refusa d'abjurer sa foi, répétant inlassablement : "Dieu est un, Dieu est un". Le Prophète, ému par cette résistance, incita Abu Bakr, son fidèle compagnon, à racheter Bilal. Au cours de longues tractations, Oumaya consentit à se défaire d'un esclave, devenu l'exemple de l'entêtement. Abu Bakr s'empressa de l'affranchir et il rejoignit le groupe des musulmans. Lors de l'Hégire, il émigra vers Yatrib, la future Médine. Après l'édification de la première mosquée, on s'interrogea sur la manière d'appeler les fidèles à la prière. On hésita sur le procédé des juifs qui utilisaient le cor, ou celui des chrétiens qui employaient la crécelle. C'est alors qu'un compagnon du Prophète, Mohammed ben Abd Allah ben Zyad al Ans'arî a fait un rêve où la façon de faire l'adhan lui a été révélée. Le procédé fut adopté et Bilal, qui avait une voix qui portait, a lancé le premier adhan. Après la conquête de la Mecque, c'est lui qui fit le premier adhan sur le toit de la Kaaba. Il participa à de nombreuses expéditions dont la conquête de Jérusalem. Vers la fin de sa vie, il s'est retiré à Damas où il mourrut vers 641. M. A. Haddadou ([email protected]) Nom Adresse email