La justice égyptienne a reporté, hier, les procès des trois chefs des Frères musulmans pour incitation au meurtre et celui de l'ancien président Moubarak, qui a déjà bénéficié d'une libération conditionnelle. Au dernier moment, la justice égyptienne a ajourné le procès Ikhwan, pour raison de sécurité. À s'en tenir à leurs avocats : "Les accusations sont montées de toutes pièces, c'est un procès politique." Le général Al-Sissi a-t-il voulu obtempérer et ne pas donner l'occasion aux islamistes de mobiliser sur la clémence dont va certainement bénéficier Moubarak ? Dans un tribunal du Caire, pas le plus important initialement consacré aux Ikhwan, Moubarak et ses deux fils ainsi que plusieurs responsables de son régime ont comparu dans la sixième audience de leur procès en appel. L'ex-pharaon est apparu au tribunal, comme d'habitude lunette fumées sur le nez, sur un brancard mais en position assise cette fois, derrière les barreaux de la cellule des accusés. Il avait été remis en liberté conditionnelle jeudi dans quatre procédures pour corruption et complicité de meurtres, mais avait été immédiatement assigné dans un hôpital militaire du Caire par l'armée. Les juges égyptiens, qui n'ont jamais cautionné le pouvoir islamiste, auront la tâche facile en ce qui concerne les charges retenues contre les chefs des Frères musulmans et le président déchu, Mohamed Morsi, lui aussi inculpé et au secret et sous la menace de procès pour haute trahison. Une histoire de vente du Sinaï pour installer des Palestiniens est sur la Toile ; Morsi aurait même empoché 8 milliards de dollars ! L'issue du procès de Moubarak ne fait pas de doute partant du fait que son élargissement subit n'a pas suscité la moindre vague dans le pays. Reste que ces audiences ont lieu en plein chaos politique en Egypte, où le nouveau pouvoir, dirigé de facto par l'armée, qui a destitué et arrêté Morsi le 3 juillet, a réprimé depuis une quinzaine de jours les manifestations organisées par les Frères musulmans. Cependant, le procès des chefs des Ikhwan qui avaient remporté haut la main les législatives de 2012 un an après la destitution de Moubarak, puis la présidentielle, pourrait remettre de l'huile sur le feu même si le mouvement islamiste semble ne plus être en mesure de mobiliser les foules, tant ses principaux activistes ont été décimés et ses dirigeants emprisonnés ces derniers jours. Le pays est sous état d'urgence et les grandes villes, soumises au couvre-feu, sont truffées de chars de l'armée et de barrages. En outre, malgré le tollé provoqué en Occident par la répression brutale des manifestations pro-Morsi, le général Abdel Fatah al-Sissi a les coudées franches : il bénéficie du soutien d'une grande majorité de la population et des médias dans leur quasi-totalité qui invoquent une Egypte en pleine guerre contre le terrorisme des Frères musulmans. Le report du procès des Ikhwan ouvre cependant la piste d'arrangements entre l'armée et les partisans de Morsi, ensemble sous le coup de pressions internationales. D. B Nom Adresse email