Malgré les incertitudes du vote du Congrès aujourd'hui sur les frappes contre le régime de Bachar al-Assad, le Pentagone poursuit activement ses préparatifs, ne tenant compte ni du niet du G20 ni de l'opinion américaine, défavorable à de nouvelles aventures hors territoire américain, particulièrement sur des théâtres musulmans. Le ministère de la Défense américain a d'ores et déjà annoncé que les frappes sur la Syrie seront plus longues et plus intenses que prévu, pendant trois jours au moins. On est loin des frappes chirurgicales. Selon des fuites, les stratèges militaires américains ont opté pour "un massif barrage de tirs de missiles", suivi rapidement par d'autres attaques sur des cibles manquées ou non détruites après l'attaque initiale. La Maison-Blanche a commandité une nouvelle liste d'objectifs pour élargir les cibles initiales. Au moins 50 objectifs, a exigé Barack Obama, se révélant tout aussi va-t-en-guerre que son prédécesseur W. G. Bush qu'il critiquait pour ses empressements à fourvoyer les états-Unis dans des guerres que celui-ci n'a pas pour autant gagnées. Parmi les possibles cibles des Etats-Unis, même si des installations en lien avec les armes chimiques risquent d'être en tête de la liste, des bases aériennes. Le plan de frappes parle également de bases d'hélicoptères et de centres de commandement militaire. Ce n'est pas la guerre contre l'Irak qui recommence avec la Syrie ! Les généraux du Pentagone, qui, manifestement, n'ont tiré aucune leçon des déculottées afghane et irakienne, se frottent les mains. Alors qu'au début, il s'agissait de recours à des missiles contre des sites militaires à partir des cinq destroyers mouillant en Méditerranée orientale, voilà qu'il est fait état de la participation de bombardiers de l'armée de l'air. L'entrée en jeu de l'aviation veut dire que l'opération envisagée n'est plus d'ordre punitif mais une campagne de très grande envergure. Le casse-tête des experts du Pentagone sera de mettre les bombardiers hors de portée de la défense aérienne syrienne. Pour y parvenir, il faudrait qu'ils déclenchent une guerre totale. Dans tous les cas de figure, au Pentagone, la guerre chirurgicale est une vue de l'esprit dès lors que l'on ne recourt pas aux drones. Le porte-avions "Nimitz" avec son escorte, un croiseur et trois destroyers sont positionnés en mer Rouge pour également tirer des missiles de croisière sur la Syrie. Avec cette armada, on voit bien que ce n'est pas une question de simples salves. Selon les plans militaires, Damas sera soumis à un feu roulant de bombes durant 72 heures. Quoi qu'il en soit, l'intervention militaire américaine, même limitée, profiterait à tous les opposants mais surtout aux djihadistes, qui tiennent les théâtres de confrontation avec le régime. Mais pas au point de précipiter la chute du régime du président Bachar al-Assad, estiment des experts. Charles Lister, analyste à l'IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre, cité par des agences de presse internationales, est formel : "Les frappes vont probablement avoir un impact sur des terrains d'opération localisés, mais un effet à l'échelle nationale est moins probable", évoquant de possibles avancées rebelles dans certaines zones autour de Damas et d'Alep. L'absence de coordination au sein de la rébellion et la montée des islamistes ont-elles à ce point échappé à la fine fleur des analystes du Pentagone et ses multiples agences de renseignements ? Ont-ils pris pour argent comptant la propagande de l'armée syrienne libre (ASL), une nébuleuse de brigades rebelles selon laquelle cette intervention sera l'occasion de faire basculer la situation en sa faveur ? ça ne fait très sérieux. Alors Washington a-t-il choisi ceux parmi les rebelles syriens qui pourraient bénéficier de leur intervention ? Selon des experts de la rébellion syrienne, il n'y aurait pas moins de 11 groupes différents impliqués dans la guerre contre Damas et pas du tout liés à l'ASL. Y prédominent les brigades islamistes. Les nombreux groupes djihadistes présents sur le terrain, dont certains affiliés à Al-Qaïda, pourraient donc bénéficier de frappes américaines autant que les rebelles soutenus par les Etats-Unis. Parmi ces groupes djihadistes se trouvent le Front Al-Nosra, qui a fait allégeance au chef d'Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri, et l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL), branche irakienne d'Al-Qaïda qui a pris de l'essor récemment en Syrie. Selon le porte-parole de l'ASL, Louay Moqdad, les rebelles ne collaborent pas avec Washington pour préparer ces frappes. D. B Nom Adresse email