Comment peut-on parler d'apolitisme et, en même temps, s'inviter dans le débat sur la révision de la Constitution ? L'Association des ulémas musulmans algériens tente toujours d'exister, malgré son manque d'ancrage dans la société algérienne. En effet, si pour la grande majorité des citoyens, cette organisation historique créée par Abdelhamid Ibn Badis durant la période coloniale, exactement le 5 mai 1931, n'est plus qu'un vieux souvenir, son actuelle direction, menée par le Dr Abderrazak Guessoum, croit, toutefois, qu'elle pourra encore peser sur la scène nationale, voire sur le plan international. Après une longue léthargie, les membres de la direction de l'association ont convié, hier, à une conférence de presse, les représentants des médias nationaux, qu'ils ont tenté de convaincre du "bien-fondé" de leurs projets, mais aussi de leurs visions cultuelle, culturelle et politique. Ceci, quand bien même ils feignent d'éviter ce dernier domaine, préférant déclarer "apolitique" leur organisation. Mais, comment peut-on parler d'apolitisme et en même temps s'inviter dans le débat sur la révision de la Constitution ? "Oui, nous voulons bien participer à la confection de la prochaine Constitution ; nous insistons, surtout, sur certaines constantes, dont l'islam, notre religion, et l'arabe, notre langue, qu'il faut imposer dans la loi fondamentale du pays", ont martelé les ulémas. Mieux, M. Guessoum, président de l'association, veut, désormais, imposer l'arabe comme "culture mère" à laquelle, dit-il, doivent se greffer "les langues amazighes", et non pas l'amazighité telle que revendiquée par tout un peuple ! Par "les amazighités", pour reprendre le propre terme qu'il a utilisé, M. Guessoum fait référence aux différents dialectes berbères (kabyle, chaoui, mozabite...) dérivant de la langue mère : tamazight. Revendiquant dans la foulée la transcription de langue amazighe avec les caractères arabes, M. Guessoum ne manque pas de s'en prendre au MAK de Ferhat Mhenni, sans le citer, qui revendique l'autonomie de la Kabylie. "Certes, nous sommes pour la reconnaissance des origines, mais nous n'accepterons jamais d'utiliser l'amazighité pour diviser le pays", a-t-il dénoncé. L'autre cheval de bataille de l'Association des ulémas est "la refonte" du système éducatif. Abdelkader Fodil, président de la commission d'éducation de l'Association des ulémas, accuse le système actuel de "non-équilibré". Il s'en prend, par ailleurs, à ceux qui revendiquent la suppression de l'éducation islamique dans l'école algérienne. À l'accusation d'avoir "squatté" les locaux de Nadi etaraqi (club culturel), sis près de la place des Martyrs à Alger, où s'est justement tenue la rencontre d'hier, les membres de l'associations ont tenu à répondre à leur diatribe que "ce n'était qu'une opération de réappropriation, avec une décision de la justice, de ces locaux qui furent le siège de l'Association des ulémas du temps du cheikh Abdelhamid Ibn Badis". F A Nom Adresse email