Pourquoi racontai-je cette histoire ? Il arrive qu'un chien rencontre un loup. Et que les deux se parlent. S'échangent. Philosophent. Et parce que le chien est connu pour sa générosité, il décida d'inviter le loup chez lui pour un dîner. La nuit tombée, le loup a hurlé. Et le chien était devant la porte pour accueillir son hôte de marque. Avec tous les honneurs, le loup a été reçu. À sa disposition, une table bien garnie a été installée. Il a mangé à sa faim. Et il a bu à sa guise. étonné devant cette vie aisée et bourgeoise, le loup a demandé au chien : comment faire pour pouvoir jouir d'un pareil luxe, cher ami ? Le chien : je suis gâté par mon maître. Le loup : et quel genre de travail fournis-tu, en contrepartie ? Le chien : rien de spécial, je suis juste le gardien nocturne de la maison de mon maître. Le loup : y a-t-il moyen pour devenir chien ? Le chien : tu veux devenir un chien ? Le loup : j'en ai marre de cette vie de loup courant les forêts et arpentant quotidiennement les dangers de toutes couleurs. Tantôt chassé par les bergers et tantôt suivi par les paysans. Content de voir son hôte hanté par l'envie de se métamorphoser en chien, il décida alors de lui donner un cycle de leçons afin qu'il s'intègre et s'adapte à la règle de sa nouvelle vie. Vie chienne ! Le chien au loup : cher frère, je commence par t'apprendre, en première leçon : comment aboyer la nuit et remuer la queue la journée, en présence de ton maître. Dans une vie chienne, savoir aboyer, comme savoir remuer la queue, est le signe de félicité et de soumission. C'est primordial. Le chien qui ne sait pas aboyer est un chien maudit. Savoir aboyer est le secret même de la philosophie de la chiennerie. Face à cette table garnie, le loup commença à aboyer, en commentant : ah, ce n'est pas très difficile de se mettre aux aboiements. Le chien, content des efforts de son hôte : tu deviendras, en un temps record, le meilleur aboyeur du village. Tu as une voix d'opéra ! Puis le loup a commencé à bouger sa queue, le chien l'a regardé, il l'a applaudi en disant : - Ben dis-donc ! tu remues ta queue comme un danseur professionnel de ballet. Je suis content de toi, ta tête est légère ! Tu apprends très vite. Mais soudain le loup a remarqué que le chien avait une bizarre marque d'une couleur rougeâtre autour du cou. Secoué par cette cicatrice, il a demandé : mais qu'est-ce tu as sur le cou ? Le chien, sur un ton triste : Ah, ça c'est la trace de la chaîne !? Le loup : c'est quoi cette histoire de chaîne ? Le chien : j'ai oublié de te dire, mon cher hôte, pour devenir chien, il faut accepter d'être attaché, le cou dans la chaîne, privé de toute liberté, pendant la journée. Le loup a regardé, une fois encore le cou cicatrisé du chien, une fois encore la table garnie, puis il quittât les lieux. Il a repris le hurlement dans sa gorge, et le chemin de la forêt et de la liberté dans ses pattes. A. Z. [email protected] Nom Adresse email