Après avoir observé une pause due au remaniement gouvernemental, le Premier ministre reprend son bâton de pèlerin à partir de la wilaya de Médéa, en attendant le reste. Le gouvernement relooké ne changera pas, donc, de méthode de travail, préférant le travail de proximité et l'accent mis sur la réalisation des programmes quinquennaux qui accusent beaucoup de retard. À Médéa, grandement touchée par la décennie noire, qui a poussé à un fort exode rural et un abandon des terres agricoles, le Premier ministre s'est rendu compte des défis auxquels est confrontée cette wilaya en matière de développement où l'agriculture constitue la principale source de création d'emplois et de richesses. Sur place, Abdelmalek Sellal insistera sur la vocation agricole de la wilaya, il a incité les agriculteurs à penser à l'exportation, allant jusqu'à tancer l'un des exposants : "Ces produits, on les donne aux porcs en France." Façon de les inciter à faire davantage d'efforts en matière de qualité et de quantité. Jetant son dévolu sur les producteurs de pommes, il leur dira : "Mais arrêtez les pommes ! Cultivez des cerises, faites dans l'agroalimentaire, des produits qui s'exportent." Pour le Premier ministre, l'espoir de la wilaya réside dans la plaine de Béni Slimane, cette plaine que le défunt Houari Boumediene rêvait d'en faire la seconde Mitidja. Pour lui, c'est un choix stratégique de l'Etat algérien que d'opter pour cette plaine. Il donnera des instructions sur place en vue de commencer le travail et ne pas attendre la finalisation du projet de transfert d'eau de Koudiet Asserdoun. Le Premier ministre promet que le barrage de Béni Slimane devrait être achevé dans les 16 mois prochains Le wali et la société civile demanderont un tramway pour la ville. Mais Sellal les refroidira : "Calmez-vous, ce n'est que du bluff !" Il n'évoquera par la fameuse nouvelle ville de Boughezoul, mais dit le Premier ministre, une fois n'est pas coutume, très satisfait, voire charmé par le secteur de l'habitat dans la wilaya de Médéa. "Nous nous trouvons dans un amphithéâtre qui fait honneur. La plupart des constructions ont respecté l'aspect architectural et urbanistique de Médéa. Vous êtes sur la bonne voie. Sur la route de Benchicaou, j'étais charmé par les petites maisons (habitat rural) qui sont meilleures que les logements promotionnels d'Alger." Abdelmalek Sellal n'omettra pas de rappeler que Médéa particulièrement a vécu un douloureux passé. "J'étais ministre de l'Intérieur et j'ai vécu en direct certains de ses drames." Tout en se félicitant du fait que l'Algérie vive en paix, grâce à la réconciliation et à la concorde. "L'Etat ne connaît pas l'exclusion. Même si on ne s'entend pas, on doit discuter, on ne doit exclure personne. C'est notre politique", martèlera-t-il. Enfin, M. Sellal revient sur le sujet qui lui est cher et qui devrait prendre la part du lion dans la tripartite prévue fin octobre : l'industrialisation. Citant le cas de l'entreprise publique sise à Berrouaghia, Poval, il dira que cette dernière "a vieilli, on la soutient financièrement pour son recyclage et sa mise à niveau. Je leur ai demandé de voir un partenaire étranger pour ramener la technologie". Tout comme il leur demandera de s'inscrire dans la perspective de l'exploitation du gaz de schiste, qui demande des appareils d'exploration, de songer à entrer en partenariat avec Sonatrach pour explorer ce domaine. Pour le Premier ministre, "nous sommes obligés d'entrer dans l'industrialisation et la concurrence. Nous avons pris trop de retard". Et de répondre aux industriels algériens qui évoquent le handicap du foncier en affirmant que "30% des terres allouées dans des zones industrielles restent inoccupées, selon nos enquêtes. Dans les zones d'activité, 40% des terrains sont non exploités. Beaucoup se plaignent du problème du foncier industriel, mais la réalité est là". A. B. Nom Adresse email