La sortie de crise politique en Tunisie est plus que jamais dans l'impasse, d'autant plus qu'elle est marquée par le niet du mouvement Ennahdha au pouvoir d'adhérer au dialogue national. Devant ce tsunami politique qui a frappé le pays, la seule issue qui est, d'ailleurs, apparue depuis la rencontre secrète à Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, est celle d'une cohabitation au pouvoir entre Nida Tounès et Ennahdha. Nous l'avons bien indiqué dans notre édition d'hier que le dialogue national risque fort d'être compromis, tant Ennahdha avait refusé quasiment la feuille de route proposée par les instances majeures de la société civile, telles l'Union générale du travail tunisien (UGTT), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), l'Ordre des avocats. Et comme toujours, un autre scénario se dessine en coulisses. Nabil Karoui, big boss de Nessma TV, a révélé que le représentant spécial de l'Union européenne (UE) pour la région du Sud de la Méditerranée, Bernardino Leon, a confirmé le soutien de l'UE pour une solution de cohabitation entre Nida Tounès et Ennahdha. Ce qui confirme davantage ce qui a été conclu en secret à Paris entre les leaders de ces deux partis. Jusqu'à preuve du contraire, ces derniers pouvaient bien se rencontrer à Tunis qu'à Paris. Mieux, cette orientation a également obtenu l'appui d'Alger, après la rencontre de ces deux chefs de partis avec le président Bouteflika. Actuellement, les négociations tournent autour des conditions de cette gouvernance provisoire devant conduire à des élections. Ennahdha au pouvoir demande une loi d'amnistie sauf pour les crimes de sang ainsi qu'une campagne de réconciliation nationale. Le parti islamiste accepterait la désignation de Béji Caïd Essebsi comme nouveau président de la République, en lui accordant des prérogatives plus larges et plus équilibrées que celles données à l'actuel président, mais souhaiterait que le Chef du gouvernement soit désigné par ses soins alors que l'ensemble des portefeuilles seraient confiés à des "compétences nationales" ou des technocrates. On se demande comment à 87 ans, Béji Caïd Essebsi pourrait assumer la responsabilité d'un pays alors qu'il limite actuellement ses déplacements même dans la capitale tunisienne. Enfin, Nabil Karoui qui est déjà pressenti comme futur chef de gouvernement ou bras droit de Caïd Essebsi, a laissé entendre que cette configuration permettrait "de pacifier la Tunisie et de rétablir la confiance pour financer cette étape. L'UE est disposée à mettre 10 milliards de dollars pour soutenir un accord gagnant-gagnant permettant à tous de trouver les moyens et le temps de s'entendre". Entretemps, le président tunisien veut semer la zizanie et provoquer une deuxième révolte populaire. Il a réitéré dans une interview accordée, lundi, à l'agence Associated Press, sa proposition d'accorder l'asile politique au président syrien Bachar Al-Assad, dans une volonté de mettre fin à une guerre civile ayant fait près de 100.000 morts en deux ans et demi. "Si nous pouvons éviter des massacres, si nous pouvons sauver des milliers de Syriens, pourquoi pas ? (...) C'est une décision terrible, mais pourquoi pas ? Je suis médecin, et la vie est bien plus importante que tout, y compris la justice", a assuré Moncef Marzouki dans la même interview. Moncef Marzouki estime que l'Iran a une opportunité unique de gagner du respect dans le monde arabe s'il met la pression sur "son homme de Damas" et entraîne le régime syrien vers la paix. "Appuyer la Syrie signifie perdre l'ensemble du monde arabe", a ajouté Marzouki. Le président prévoit en outre de rencontrer dans les prochains jours son homologue iranien, Hassan Rohani, qu'il qualifie d'acteur-clé dans le processus de négociations d'une solution politique à la crise syrienne. I. O. Nom Adresse email