Les travaux du colloque international sur "le Sud, quelles alternatives ?" ont débuté, hier, à la Bibliothèque nationale d'El-Hamma, par un exposé destiné à susciter des débats sur l'offensive des tenants de "la nouvelle mondialisation", l'état d'avancement de la réflexion sur "la nature des défis" auxquels sont confrontés les Etats et peuples du Sud, ainsi que sur les pistes dégagées (ou qui seront dégagées) pour des "alternatives convergentes de reconstruction d'un autre monde". Intervenant en tant que président du Forum mondial des alternatives (FMA), l'économiste Samir Amin a fait part d'une nouvelle approche, se démarquant de la pensée dominante, qui ouvre des perspectives, en termes d'alternatives, pas seulement pour les pays du Sud, mais pour la majorité des peuples de la planète. Dans ce cadre, il a estimé que le système capitalisme actuel, défini comme "capitalisme des monopoles", est "non viable". "À mon avis, ce qui implose, c'est le capitalisme des monopoles généralisé, financiarisé et mondialisé", dira le responsable du FMA. Il précisera que cette implosion a "des facettes multiples", se traduisant notamment par "une crise de la production agricole et alimentaire" et "une crise de la civilisation, qui n'est pas une crise occidentale, mais une crise capitaliste". Aussi, poursuivra-t-il, "le Sud peut et doit se transformer et s'imposer comme un partenaire actif, dans le façonnement de l'ordre mondial". Sur le registre des pays émergents, l'éminent penseur a d'abord noté que "l'émergence exige un projet souverain, qui déconnecte la logique du capitalisme des monopoles", un projet axé sur "le développement autocentré" qui profiterait à la grande majorité des peuples. Il s'est ensuite demandé si le projet chinois répond à la définition de l'émergence, relevant au passage que le cas de l'Inde comporte "une association d'émergence et des éléments du lumpen-développement", celui-ci étant désigné comme "une croissance économique respectable associée à une paupérisation de la grande majorité de la population". Pour ce qui est de l'Algérie et de l'Egypte, l'intervenant a soutenu qu'elles "pourraient être des pays émergents, mais elles ne le sont pas, car elles n'ont pas de projet souverain". "Un grand nombre de gouvernements du Sud font preuve de soumission, mais ceux-ci peuvent changer", a-t-il révélé plus loin, en invitant l'assistance à aller vers l'essentiel et de ne pas perdre de vue que les puissances de ce monde, rangées dans "la triade impérialiste (Etats-Unis, Europe-Japon)", et leurs alliés de l'Otan, n'attaquent un pays donné, comme l'Irak par exemple, non pour faire tomber un dictateur sanguinaire, mais pour le "détruire". Aujourd'hui, "il faut qu'il y ait du courage et beaucoup d'audace dans notre réflexion", a-t-il souligné, appelant les participants à réfléchir à de "nouvelles formes de rapprochement et de coopération", voire même à "la solidarité politique face à l'ennemi". En marge du colloque, des participants nous ont confié que la nouvelle approche, présentée par Samir Amin et destinée pour les pays du Sud "qui vivent des situations d'impasse", rend "plus visible les mécanismes concrets de domination", situe "le champ des alternatives en élargissant la définition du Tiers-Monde" et "identifie l'ennemi et les forces opposées". D'aucuns ont même signalé l'importance de "la maîtrise scientifique", rendue cruciale dans "toutes les stratégies de développement et de riposte". Pour rappel, le colloque international de la BN d'El-Hamma, organisé par les éditions Apic et l'Agence pour le rayonnement culturel (Aarc), en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA) et le Forum du Tiers-Monde (FTM), poursuivra ses travaux jusqu'au 30 septembre prochain. H. A Nom Adresse email