La célébration de la Journée mondiale contre la peine de mort jeudi dernier a été le thème d'un débat organisé par la délégation de l'Union européenne et abrité par l'ambassade d'Italie. Auparavant, l'assistance a eu à visionner un film de 81 minutes intitulé Tu ne tueras point, du réalisateur Polonais Krzysztof Kieslowski. Le long métrage qui date de 1988 a eu le prix du jury au Festival de Cannes. Cinq panélistes ont été ainsi invités à prendre part au débat, en l'occurrence Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative et de promotion des droits de l'Homme, Me Smaïl Chamma, secrétaire général de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, Me Abdelkader Benhenni, universitaire et ancien procureur général, Kamel Chekkat, membre de l'Association des ulémas musulmans, et enfin Anissa Oussedik, la directrice d'Amnesty International Algérie. La table ronde a été orientée dès le début sur les raisons qui ont poussé ces dernières années certains pays à l'abolition de la peine capitale. Précision de taille dès l'entame, la peine de mort est différemment considérée. Les animateurs de la table ronde devaient expliquer à l'assistance, constituée en majorité des membres du corps diplomatique accrédité, la différence entre l'abolition et la non-application. L'Algérie est dans la deuxième catégorie. Dans notre pays, elle est en vigueur mais non appliquée. Les abolitionnistes sont nombreux en Algérie, les quatre panélistes en font partie, à l'exception de Kamel Chekkat qui a eu d'ailleurs à exposer la position de l'islam vis-à-vis de cette question. Sur ce point, il expliquera la difficulté de réunir toutes les conditions afin de l'appliquer. Il a été remarqué que la peine de mort est plus en vigueur dans les pays du Moyen-Orient. Au jour d'aujourd'hui, toutes les démocraties occidentales ont aboli la peine de mort, sauf les Etats-Unis. Pour revenir au cas de l'Algérie, Me Chamma rappellera que notre pays n'a plus appliqué la peine de mort depuis 1993, l'Algérie ayant signé un moratoire durant cette même année. Depuis, aucune exécution n'a eu lieu, mais la peine capitale existe toujours et se traduit par la perpétuité, la prison à vie, tout aussi radicale voire efficace, car souvent, explique-t-il, la mort en elle-même est une délivrance pour le mis en cause. Enfin, la directrice d'Amnesty International Algérie a mis en exergue le rôle abolitionniste de son organisation à travers la planète. Une question a dominé le débat : rétablir la peine de mort pour certains crimes qui ont défrayé la chronique ces derniers temps en Algérie, il s'agit du kidnapping, viol et assassinat d'enfants. Les avis sont unanimes à condamner, mais la question de réhabilitation restera sans réponse ! À noter enfin qu'un des moments forts du débat a été le témoignage de Me veuve Slimane Amirat qui a ému toute l'assistance. Son défunt mari a en effet été condamné à mort à trois reprises, avant et après l'Indépendance. A. L. Nom Adresse email