Les affrontements ont repris, hier, à 6h30 (GMT), à Kaduna, malgré l'annulation de la cérémonie d'élection de Miss Monde, transférée à Londres. L'instauration d'un couvre-feu et le recours aux militaires pour rétablir le calme n'ont pas réussi à mettre fin aux hostilités entre les deux communautés musulmane et chrétienne. Toutes les concessions du gouvernement d'Obasanjo Olusegun se sont avérées vaines. En effet, ni l'annulation de la cérémonie d'élection de Miss Monde, transférée à Londres, ni la plainte en justice déposée par les pouvoirs publics à l'encontre des auteurs de l'article de presse qui a mis le feu aux poudres n'ont calmé les esprits. Tôt hier matin (6h30 GMT) les affrontements ont repris à Kaduna, située à 180 km au nord d'Abuja, la capitale nigériane, entre les musulmans et les chrétiens. Pour rappel, c'est dans cette ville que les combats entre les deux parties ont commencé. Selon les témoignages des correspondants de journaux et d'agences de presse, un millier de personnes sont réfugiées dans la brasserie Kronenbourg, au sud de la ville, près de la route principale conduisant à Abuja, pour échapper aux attaques des musulmans. La brasserie est surveillée par les militaires. Des coups de feu sont entendus un peu partout dans la ville, où les combats n'ont cessé la veille qu'à 23h30 locales. Selon le gérant de la brasserie Kronenbourg, un Français, “les militaires tirent et les manifestants répliquent. D'après les militaires, les manifestants sont bien armés, ils ont même des fusils d'assaut AK-47”. Ce témoignage démontre la gravité de la situation dans la ville de Kaduna, réputée pour être une véritable poudrière. Les plus graves affrontements entre musulmans et chrétiens ont eu lieu dans cette ville les 21 et 22 février 2000 et avaient fait entre 2000 et 3000 morts. Avec ces évènements sanglants, c'est l'image de marque du Nigeria qui prend un coup. Ce pays espérait, avec l'organisation de la cérémonie d'élection de Miss Monde, redorer son blason et, surtout, favoriser le tourisme. C'était peine perdue, car l'entreprise a été mal engagée par le gouvernement central, qui a dû faire face à une campagne de protestation contre le déroulement de l'événement au Nigeria, particulièrement après la peine de lapidation prononcée à l'encontre d'Amina Lawal pour adultère. Ce genre de condamnation a énormément nui à l'image du Nigeria sur la scène internationale. K. A.