A l'issue d'une nouvelle journée émaillée de violences à Beyrouth, l'armée libanaise a décidé d'imposer un couvre-feu dans la capitale dans la nuit de jeudi à vendredi pour lui permettre de rétablir l'ordre, a annoncé un responsable militaire. Ce couvre-feu a pris effet jeudi à 20h30 heure locale (18h GMT) et prendre fin vendredi à 6h (4h GMT), a précisé à l'Associated Press ce responsable ayant requis l'anonymat. Parallèlement, le chef du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, est intervenu en direct à la télévision pour appeler les partisans de son parti à "quitter les rues pour permettre à l'armée et à la police libanaises de maintenir l'ordre". Au moins deux personnes ont été tuées et 35 autres blessées dans des fusillades intervenues à Beyrouth entre étudiants fidèles au gouvernement et étudiants partisans de l'opposition. La chaîne de télévision NBN, dirigée par l'opposition, a parlé de quatre morts, dont deux étudiants, dans les affrontements partis du campus de l'université arabe de Beyrouth. Des émeutiers armés de matraques ont mis le feu à des voitures et à des pneus et une épaisse fumée s'élevait du secteur. Les deux camps se sont mutuellement accusés, par chaînes de télévision interposées, d'être à l'origine de cette flambée de violence qui intervient sur fond de grève générale. La chaîne du Hezbollah, Al Manar, a imputé les tirs à des individus fidèles au dirigeant sunnite Saad Hariri, allié du gouvernement. Au moins 35 personnes ont été blessées, certaines par des tirs, dans ces affrontements de rue, au cours desquels les adversaires se sont aussi affrontés à coups de pierre et de matraques. Les soldats libanais ont tiré en l'air pour tenter de disperser la foule, en vain. Les militaires ont évacué les étudiants du secteur à bord de camions. A Paris, où se tenait une conférence internationale sur le Liban, le Premier ministre libanais Fouad Siniora a lancé un appel au calme. "J'en appelle à votre sagesse et à la raison et je suis sûr que les Libanais sauront comprendre et sauront tous où se situe l'intérêt du Liban", a-t-il déclaré en arabe. "(J'invite les Libanais à) s'éloigner de toute tension de toute escalade et à être sages comme par le passé car tout ce qui se passe aujourd'hui ne sert que les intérêts de notre ennemi", a-t-il continué. De son côté, le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-Moon, également présent à Paris pour la conférence internationale des donateurs au Liban, a appelé lui aussi au calme : "J'appelle incessamment toutes les populations du Liban à ne pas avoir recours à la violence mais à choisir la voie d'un dialogue sincère". Le Hezbollah a diffusé un communiqué appelant ses partisans à se retirer des rues aux abords de l'université cependant que Hariri invitait ses partisans au calme et à la retenue. Ces affrontements ont coïncidé avec la conférence internationale de Paris sur les donateurs au Liban, qui s'est tenue en présence d'une quarantaine de représentants de pays et d'institutions. En effet, la communauté internationale a mis la main à la poche en faveur du Liban jeudi, en promettant un total de 7,6 milliards de dollars (5,84 milliards d'euros) d'aide. Le Premier ministre libanais Fouad Siniora repart donc à Beyrouth "absolument ravi", alors que les donateurs appelaient les Libanais à s'unir pour profiter de ce soutien. L'Europe a été la plus généreuse: l'aide cumulée de la Commission européenne (500 millions d'euros), de la Banque européenne d'investissement (925 millions d'euros) et des Etats-membres représente 2,4 milliards d'euros, a souligné José Manuel Barroso, "c'est-à-dire environ 40% de l'effort pour le Liban. C'est la preuve concrète de la solidarité de l'Europe pour le Liban", a souligné le président de la Commission européenne.