C'est lui qui avait, le premier, confirmé les changements et les transferts de missions opérés par le chef de l'état au sein des structures de l'ANP et de la hiérarchie militaire. C'est encore lui qui, s'exprimant par le biais de l'agence Reuters, explique ces changements, leur but et leur finalité. Lui, c'est Amar Saïdani, récemment intronisé chef du FLN, de la manière que l'on sait, avec la bénédiction de Bouteflika et qui, de jour en jour, apparaît comme le porte-parole officieux du Président. Il s'agirait donc, selon lui, de mettre fin à l'intrusion du DRS dans la vie et le champ politiques, en l'éloignant des partis, de la justice et des médias. Saïdani va même un peu plus loin lorsqu'il affirme que "l'ère des faiseurs de rois est révolue parce que le but de Bouteflika est de construire un état civil". Le choix de l'agence Reuters est, en soi, révélateur quant à l'identité des principaux destinataires d'un tel message qu'un homme du sérail délivre de manière aussi nette et limpide, loin de toute langue bois. à l'adresse de l'Occident et, notamment, du monde anglo-saxon, on ne peut trouver meilleure profession de foi à déclarer à la veille d'une présidentielle. Surtout si l'on veut briguer un quatrième mandat ou si l'on projette une révision constitutionnelle pour pérenniser la mainmise du clan sur le pays. Mais il y a un hic : le message est dit par celui-là même qui doit son poste de secrétaire général du FLN à un coup de force du cercle présidentiel doublé d'une instrumentalisation flagrante de la justice. Or, le coup de force et l'instrumentalisation de la justice ont toujours été, avec les infiltrations, les manipulations médiatiques, l'intox et, quelquefois, la terreur, les instruments privilégiés dont usait le DRS pour régenter la vie politique et sociale, voire la vie publique en général. On n'assiste donc pas, pour l'heure, à un début de gestation d'un "état civil", mais au remplacement de l'omnipotence du DRS par celle d'un clan qui a recours aux mêmes procédés et méthodes pour imposer ses choix à la nation. Tout semble se passer comme si l'on emballait, pour mieux la vendre, une manœuvre clanique dans un projet d'état. Mais l'Occident auquel est principalement destiné le message va-t-il mordre à l'hameçon ? Rien n'est moins sûr : l'agence Reuters, dans le corps même de la dépêche où il est fait état des déclarations de Saïdani, a jugé bon de citer un récent rapport d'Eurasia Group qui estime que "le clan de Bouteflika" pourrait être "contraint à rechercher un compromis avec les Services secrets à la veille de l'élection (présidentielle)". C'est dire qu'en Algérie, comme ailleurs, il y a des raisons de ne pas donner de blanc seing aux déclarations de Saïdani. Nom Adresse email