Les partisans de Amar Saïdani ne désarment pas. Des députés du FLN ont initié, hier, un appel pour soutenir «leur candidat». Tout sur l'Algérie (TSA) réactualisait le même jour l'information en donnant à chaque fois l'évolution du nombre de députés adhérant à la démarche. A leur tête, les «milliardaires» recrutés par l'ex-secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem. Tout a commencé en réalité mercredi dernier lorsque, à18h04, le journal électronique publiait une information sous le sceau de l'exclusivité : «Amar Saïdani, ancien président de l'Assemblée nationale, va prendre la direction du FLN». «Selon nos informations, un consensus s'est dégagé au sein du parti pour désigner M. Saïdani au poste de secrétaire général du FLN, en remplacement de Abdelaziz Belkhadem, destitué le 31 janvier lors d'un vote à bulletins secrets. Toutes les parties sont d'accord pour confier le parti à Amar Saïdani, un homme qui jouit d'un consensus, a affirmé notre source», indiquait TSA. Et à l'heure où «la nouvelle est mise en ligne, branle-bas de combat au FLN : les téléphones commencent à sonner, toute la nuit. Les membres du comité central ont été surpris par une telle évolution», nous a déclaré l'un d'eux. Ils ont tous été joints par téléphone. Des parlementaires du parti, à leur tête le député Mohamed Djemaï et le sénateur Madani Houd, demandent aux membres du comité central d'approuver leur démarche. La phrase qui revenait comme un leitmotiv : «Lemaâlam (le patron) a donné le feu vert, ce sera Amar Saïdani le successeur de Abdelaziz Belkhadem.» Qui a donc donné ce fameux feu vert ? Selon des sources internes au FLN, «ceux qui font la promotion de l'ancien président de l'APN font pression en évoquant tantôt le nom du responsable du DRS, Mohamed Médiène dit Tewfik, tantôt celui du président de la République, Abdelaziz Bouteflika». Des cadres du FLN ont tenté alors, indiquent nos sources, de s'informer auprès de l'entourage des responsables en question. Il leur a été dit que «les rumeurs lancées par les partisans de Amar Saïdani n'ont aucun fondement». «Le lobby de l'argent, qui est derrière l'intox, précise un membre du comité central qui a requis l'anonymat, veut l'imposer à tout prix.» Une information selon laquelle Abderahamane Belayat, qui gère les affaires courantes du FLN, aurait été instruit pour travailler pour la candidature de Amar Saïdani, a même circulé. Belayat a vite fait de démentir. Le lendemain (vendredi dernier), dans une déclaration au quotidien El Khabar, il dira qu'il ne savait rien de cette histoire. Du côté de ceux qui ont déposé Abdelaziz Belkhadem, on affirme qu'«il n'y a jamais eu de consensus ; mieux, la question de la candidature de Amar Saïdani ne s'est même pas posée». Et «c'est curieux que son nom sorte subitement, alors qu'un membre du comité central, un ancien moudjahid, dont l'intégrité et l'honnêteté sont connues et reconnues par tous, un homme propre», Mohamed Boukhalfa en l'occurrence, «commençait à fédérer les voix au sein du comité central». Quand Saïdani fait lui-même pression sur Belayat Ce n'est pas l'avis «des hommes d'affaires et des milliardaires» recrutés par l'ex-secrétaire général du parti. «Usant de leur influence, ce sont eux, soutiennent des indiscrétions de ceux-là mêmes qui ont reçu des appels téléphoniques durant toute la semaine depuis la publication de l'information faisant état d'un consensus autour de Amar Saïdani, qui font pression sur les membres du comité central.» Ceux qui connaissent bien les arcanes du vieux parti, les partisans de l'ancien président de l'APN, n'auraient jamais agi à leur guise s'ils n'avaient pas eu quelques garanties d'une main invisible. Hier, on apprenait d'un membre du comité central que c'est Amar Saïdani lui-même qui avait appelé en personne les membres du CC pour annoncer : «Ça y est, j'ai eu le feu vert !» De qui ? Ses soutiens, selon nos sources, avancent le nom du frère du président Bouteflika, Saïd. Bien que lors de l'hommage rendu à feu Abderrazak Bouhara, avant-hier à Alger, ait été accueilli froidement par les cadres du FLN – il avait d'ailleurs été le premier à quitter la cérémonie – Saïdani persiste et signe. Des indiscrétions indiquent que l'ancien président de l'APN fait pression sur Abderrahmane Belayat pour appeler au plus vite à la tenue d'une session extraordinaire du comité central. Les 2 et 3 mars de préférence. Pour certains cadres du FLN, les soutiens de Saïdani «pouvaient bien en effet se targuer d'avoir des soutiens en haut lieu pour assurer leur propre survie politique, maintenant qu'ils sont certains qu'Abdelaziz Belkhadem ne reviendra pas» briguer le poste duquel il a été évincé – même si hier celui-ci ne cachait pas, dans les colonnes d'un journal arabophone, son désir de revenir. Dans quel but sort-on le nom de Saïdani maintenant ? Pourtant, ce n'est un secret pour personne, l'ancien président de l'APN traîne bien des casseroles. Sans doute, l'élection présidentielle constitue-t-elle un enjeu que le commun des mortels ne mesure pas encore. Ce qui est sûr, au moment où dans un pays «normal», l'année qui précède une élection présidentielle est une période de débat et de compétition autour de projets, il est regrettable de constater que l'Algérie vit une situation des plus délétères de manque de visibilité, de vision et surtout de régression politique qu'elle n'a jamais eu à connaître.