Il impose un homme de son propre choix, Amar Saïdani, à la tête du FLN en dépit des résistances et contre l'avis de la justice, il dépouille le DRS de ses prérogatives essentielles et les confie au chef d'état-major, puis nomme ce dernier vice-ministre de la Défense dans le cadre d'un remaniement ministériel qui, pour le moins qu'on puisse dire, ne ressemble pas à ceux que le sérail a concoctés et managés jusque-là, selon une règle vieille et immuable du système, soit sur la base de consensus fédérant et satisfaisant les divers clans. On savait son refus d'être "un trois-quarts de président", mais le chef de l'Etat vient de réaliser en trois temps une opération qu'il n'avait jamais osée depuis son accession au pouvoir en 1999. Même si, dès ses premiers pas dans les allées du palais d'El-Mouradia, il avait montré son ambition de tout contrôler, tout régenter. C'est que, désormais, l'homme n'a plus rien à perdre. Et surtout pas de temps à gaspiller. Ce remaniement ministériel aurait pu passer pour un énième ravalement de la façade d'un gouvernement en panne chronique s'il n'intervenait pas à quelques mois de l'élection présidentielle et, surtout, s'il n'était pas précédé de ces mesures spectaculaires, quoi que non annoncées officiellement, qui tendent à faire du puissant DRS une coquille vide en lui ôtant la Communication, les missions de la Sécurité de l'Armée et le pouvoir d'enquête judiciaire. Du coup, les observateurs sont partagés. Pour les uns, il s'agit d'un baroud d'honneur tiré par un Bouteflika sur le départ. Pour d'autres, nous assistons plutôt à un coup de force d'un Président qui, malade et en fin de règne, ne compte pas s'en aller avant d'avoir préparé le terrain à un successeur qu'il aura lui-même désigné, sans l'avis du DRS, et qui, en retour, aura à poursuivre "l'œuvre" de son mentor dont il protégera le clan et la fratrie. Si l'hypothèse du baroud d'honneur est improbable car ne pouvant servir concrètement à rien, elle ne manque pas de crédibilité, Bouteflika ayant à maintes reprises montré un caractère de velléitaire. Mais celle du coup de force a toutes les chances d'être la bonne, tant cette dernière bataille de Bouteflika est celle de la survie, pas moins. Peu importe donc, pour lui, qu'une telle opération soit ou non porteuse de périls pour le pays, l'heure du va-tout a sonné, il faut le jouer. Nom Adresse email