Il y a dix jours, le Premier ministre assurait que la prochaine élection présidentielle se déroulera bel et bien en avril 2014, mettant fin, du coup, aux supputations sur une éventuelle rallonge de l'actuel mandat pour en faire un septennat par la grâce d'une révision constitutionnelle qui prendrait alors la forme d'un nouveau coup de force. Hier, à en croire l'agence officielle APS, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, annonçait, depuis Annaba, qu'"un vaste mouvement dans le corps des walis sera opéré en juin prochain". C'est la première sortie publique de Belaïz depuis sa nomination au département de l'Intérieur. C'est aussi sa première bourde. Et c'est déjà la bourde de trop. Une bourde à faire rougir Saâdani lui-même. Car en juin prochain, nous serons deux mois après l'élection présidentielle. Cette annonce du ministre de l'Intérieur suppose, dès lors, que l'actuel gouvernement sera encore en place après avril 2014 et que le scrutin d'avril ne sera qu'une formalité devant consacrer le début d'un quatrième mandat pour Bouteflika. Les jeux sont faits, nous dit donc, ouvertement, le ministre de l'Intérieur, celui-là même dont le département sera chargé de l'organisation de cette échéance électorale ! Qu'un ministre de l'Intérieur mette ainsi les pieds dans le plat, de façon aussi maladroite et étrange, appelle de multiples interrogations. La première est celle de savoir quel bénéfice politique pouvait-il en tirer ? Belaïz est connu pour être parmi les hauts responsables les plus proches du clan présidentiel. Il s'agirait donc, pour lui, de "motiver" les walis pour les amener à jouer pleinement le rôle attendu d'eux : faire le plein des voix en avril pour ne pas se faire renvoyer en juin. Car en juin, on fera les comptes, avertit-il. Mais, en commettant cette "maladresse", Belaïz a peut-être calculé son coup. Ce ne serait donc pas une maladresse, mais plutôt une manœuvre. Une manœuvre grossière, certes, mais une manœuvre quand même. Car, tout comme la dernière sortie de Saâdani à Blida, la déclaration du ministre de l'Intérieur à Annaba serait de nature à décourager les prétendants sérieux capables de damer le pion à Bouteflika ou, tout au moins, de le contraindre à jouer un second tour qui pourrait lui être fatal et qui, pour "Son Excellence", équivaudrait déjà à un affront intolérable. Bourde ou manœuvre ? Dans un cas comme dans l'autre, l'on est tout aise de constater, grâce aux déclarations éclairantes des Sellal, Saâdani et maintenant de Belaïz, que l'on s'achemine vraisemblablement vers l'élection présidentielle la plus carnavalesque de l'histoire de l'Algérie. C'est peut-être cela un "état civil" version Amar Saâdani. Nom Adresse email