L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie, Lakhdar Brahimi, a ouvert hier à Genève une réunion avec les hauts responsables russe et américain pour tenter de fixer une date pour la conférence Genève II afin de trouver une solution politique au conflit syrien. Le diplomate algérien qui a œuvré au sein de la Ligue arabe pour des missions impossibles et à l'ONU où également il a mis tout son savoir-faire au service de causes difficiles, s'est concerté avec les vice-ministres russes des AE, Mikhail Bogdanov et Guennadi Gatilov, et la secrétaire d'Etat adjoint américaine en charge des affaires politiques, Wendy Sherman. Cette réunion avec les parrains de Genève II en ce sens que c'est grâce à la proposition de Vladimir Poutine de détruire les armes chimiques de Damas et son acceptation par Obama de celle-ci, ce qui avait par ailleurs permis au président américain de sauver sa face car les congresmen républicains avaient promis de rejeter sa résolution de punir les autorités syriennes, comme l'Otan l'avait fait à l'encontre de Kadhafi en Libye, a été suivie dans l'après-midi d'hier d'une autre, élargie aux représentants des trois autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies : la Chine, la France et le Royaume-Uni. L'ONU a annoncé qu'il avait été décidé d'inviter ensuite les représentants de quatre pays voisins de la Syrie : l'Irak, la Jordanie, le Liban et la Turquie, ainsi qu'un représentant de la Ligue arabe et un représentant de l'ONU. Cet élargissement est interprété dans les milieux diplomatiques à l'ONU à Genève comme le signe d'une accélération des préparatifs de Genève II. Lakhdar Brahimi a discuté avec ses interlocuteurs des modalités de la conférence de paix sur la Syrie, après un tour de table. Selon ses proches, le diplomate international serait entré dans le détail pour le déroulement de cette conférence. En réalité, Genève II ne part pas de rien. Genève I qui a réuni des ministres des AE le 30 juin 2012, avait approuvé un plan pour une transition politique, jamais mis en œuvre. Le principal point de blocage pour Genève II reste encore le devenir du président Bachar al-Assad pendant la période de transition, des garanties sur son départ étant une condition préalable réclamée par des groupes de l'opposition extrêmement divisée quant à sa participation à la conférence de paix. Avant cette réunion préliminaire, le ministre syrien de l'Information a affirmé que "le régime de Bachar al-Assad ne comptait pas se rendre à cette conférence pour remettre le pouvoir", comme le réclament l'opposition et ses alliés. "Nous n'irons pas à Genève pour remettre le pouvoir comme le souhaitent Saoud Al-Fayçal, chef de la diplomatie saoudienne, et certains opposants à l'étranger", a affirmé le ministre Omrane al-Zohbi. Damas devait d'ailleurs accuser Washington de mettre des bâtons dans le processus de réconciliation en mettant son poids du côté de l'opposition. Ce point départage les parrains de Genève II. Autre divergence entre Russes et Américains, la participation de l'Iran. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a répété que tous ceux qui ont une influence sur la situation doivent absolument être invités à la conférence. Cela inclut tous les voisins de la Syrie, presque tous les pays du Golfe, pas uniquement les pays arabes mais aussi l'Iran. Cette question devrait être réglée si on s'en tient au timing officiel. Après une tournée dans la région et une visite à Damas où il a brièvement rencontré le président Assad, Lakhdar Brahimi avait souhaité que la conférence se tienne dans les semaines à venir et non l'année prochaine. Il avait indiqué qu'une date définitive serait annoncée dans les jours qui viennent et que c'est le secrétaire général de l'ONU qui doit lancer les invitations. L'émissaire international n'a cessé de rappeler depuis son dernier périple dans le Proche et Moyen- Orient et en Iran qu'il était essentiel que l'opposition participe à la conférence. "Si elle ne participe pas, il n'y aura pas de conférence de Genève", martèle-t-il. D. B. Nom Adresse email