Par cette déclaration, le Premier ministre voulait-il recadrer ses propres déclarations faites à Sétif où il avait plaidé avec insistance pour "le changement" ? Alors que tout le monde pensait qu'il allait répliquer aux attaques frontales de Amar Saâdani qui l'ont ciblé nommément, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en visite hier à Adrar, a préféré botter en touche, pour jouer plutôt sur un autre registre. C'est ainsi qu'en revanche, il a martelé à la clôture de son rituel discours devant les représentants de "la société civile" locale que "Bouteflika ne partira pas (...)". Par sa déclaration pour le moins inattendue, au vu notamment de sa dernière sortie, celle de Sétif, où il avait soutenu que le changement était nécessaire pour le pays, Sellal nous force à cette interrogation : est-ce une manière pour lui de se recadrer ? Le Premier ministre avait certes à chacune de ces multiples sorties systématiquement encensé le président de la République et avait particulièrement déclaré à partir de Sidi Bel-Abbès qu'il allait préparer un bilan des réalisations des trois mandats de Bouteflika en prévision de la présidentielle d'avril 2014, mais à aucun moment, il n'avait jusque-là tranché la question du départ ou non de Bouteflika à la fin de son présent mandat. Hier, il a bien choisi le moment pour placer sa "boutade" avec ce qui est censé être son sens de l'humour. Insistant alors devant les notables de cette ville du Sud connue pour ses ksars séculaires, les appelant à œuvrer à préserver et promouvoir la culture locale, seul garant, dit-il, de la personnalité locale, M. Sellal a, dans la foulée, rappelé sa réplique à un cheikh de zaouïa de Sétif, qui s'inquiétait du sort des zaouïas en Algérie après le départ supposé de Bouteflika. "Je lui ai répondu clairement que Bouteflika ne partira pas et que les zaouïas se multiplieront davantage. N'était le respect que je lui devais, j'allais lui dire : c'est nanak (ta tante) qui partira" (sic), a asséné Sellal sans pour autant faire rire une assistance tout à coup médusée, alors qu'auparavant, elle l'applaudissait à chaque passage de son discours. L'humour à la manière Sellal... Il est vrai que Bouteflika a, depuis son arrivée en 1999 à la tête de l'Etat, toujours œuvré à ressusciter et promouvoir les zaouïas. Sur un autre registre, M. Sellal, qui avait exercé en tant que wali d'Adrar, a longuement joué sur la fibre nationaliste et la nécessité de renforcer l'unité nationale. Celle-là même que le colonialisme n'avait pas réussi, selon lui, à ébranler, malgré toutes ses tentatives pour séparer, notamment, le sud du nord de l'Algérie. S'exaltant du fait que notre pays a retrouvé la paix après des décennies d'instabilité, le Premier ministre a exhorté les notables et les religieux "authentiques" de cette grande wilaya du Sud à s'impliquer davantage dans la préservation et la promotion de la culture ancestrale, non sans les assurer de l'engagement de l'Etat à accompagner toutes les initiatives allant dans ce sens. "Il faut que vous le sachiez : votre wilaya (Adrar) est partie pour connaître un meilleur développement à l'avenir, avec les nouvelles découvertes de pétrole et de gaz dans cette région. Mais il faut que vous sachiez aussi que l'argent à lui seul ne suffira pas pour assurer ce développement. Avec l'argent, on ne pourra pas racheter la personnalité et les valeurs humaines reconnues dans votre région (...)", a insisté le Premier ministre. Il convient de signaler que la visite de Abdelmalek Sellal a été accompagnée d'une enveloppe considérable pour le financement des projets inscrits dans le programme complémentaire du quinquennat 2009-2014 de la wilaya d'Adrar. Une sorte d'"avenant" aux 70 milliards dont avait bénéficié la wilaya au début du quinquennat. F A Nom Adresse email