Dans cet entretien, l'auteur revient sur son récit ingénieux et bouleversant qui raconte son rapport à la ville, dans une fabuleuse introspection, oscillant entre amour, haine et fascination morbide pour des mots qui s'en vont et qui reviennent au gré de ses pérégrinations. Liberté : «Alger, le cri» est un récit mystique, dans le sens où il y a un point de départ et un point d'arrivée : le cri, mais c'est un voyage intérieur au bout duquel vous retournez au point de départ... mais transformé, et ce, après avoir tourné dans la ville, tourné à l'intérieur de vous-même. La répétition, justement, a-t-elle était un parti pris ? Toujours en rapport avec la répétition, il y a la chanson «El Meqnine Zine» d'El Badji qui revient souvent dans le texte. Pourquoi ? Outre les mots, il y a aussi le fond ou les idées qui se répètent (la faille, passé-présent-avenir), et on vous lit également en train de vous contredire... Mais votre récit est plutôt algérois qu'algérien ? Dans quel état d'esprit écrit-on un livre comme «Alger, le cri» ? Dans votre récit, il y a des moments où on croit, en tant que lecteur, toucher à quelque chose, et on vous accompagne dans votre introspection. Mais, dans un sursaut, on revient à la réalité qui est dans le texte ce rapport entre Alger et vous... Comment le besoin d'écrire s'est-il manifesté ? Le cri prend différents sens, notamment trois sens bien distincts : d'abord personnel relatif au fait que vous n'ayez pas crié à la naissance ; un sens plutôt collectif ou social relatif à l'absence de parole dans Alger ; et un troisième sens artistique relatif aux mots et à votre travail d'écriture... Qu'entendez-vous par vie intérieure ? Et la parole dans tout cela ? Le retour à la parole ? On ne parlait pas avant ? On parle tout de même avec les gestes, le regard... Dans «Alger, le cri», il y a une sorte de jeu avec lecteur, puisqu'on croit que vous parlez de vous, puis on croit que vous parlez d'Alger, et on finit bien plus tard par comprendre que vous parlez de votre rapport à la ville. Ce jeu, justement, était-il conscient ? S. K. «Alger, le cri» de Samir Toumi. Récit, 168 pages. Editions Barzakh. 600 DA. Lire aussi : http://www.liberte-algerie.com/culture/dans-les-dedales-de-la-ville-et-de-la-memoire-alger-le-cri-de-samir-toumi-209178 Nom Adresse email