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Samir Toumi. Ecrivain : J'ai le sentiment que la ville dans laquelle je vis cherche une parole
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Publié dans El Watan le 18 - 10 - 2013

A l'occasion de la sortie de son premier roman Alger, le cri, paru aux éditions Barzakh, El Watan Week-end a rencontré Samir Toumi.
-A quand remonte votre premier souvenir de lecteur ?
L'enfance. Oui-Oui et la Bibliothèque rose. Le jour de ma circoncision. Oui-Oui à la plage. Je pleurais, j'avais très mal. Pour me calmer, mon père m'a donné ce livre. Donc probablement, je lisais déjà. Je suis enfant d'enseignants, donc des parents qui lisaient beaucoup. Cela s'est donc fait naturellement. Je me souviens, en pleurant, avoir dit à mon père qui me tendait ce livre : « Je le connais, je l'ai déjà lu, c'est Oui-Oui qui va à la plage.» Et là, mon père me répond : « Pas du tout, faut que tu le lises.» C'est un souvenir précis. Ma mère, par exemple, ainsi que mon frère et ma sœur furent de véritables passeurs en matière de littérature. Sinon, j'ai un peu tout lu. J'étais un enfant solitaire et je me réfugiais donc dans la littérature. Je lisais des ouvrages de Gorki, je ramassais tout. Je lisais les atlas, les encyclopédies, les dictionnaires. J'étais très sensible aux noms propres, aux images. Puis ensuite, les Agatha Christie, les Emile Zola. Avec ce dernier, j'ai découvert le naturalisme qui m'avait beaucoup frappé.
-Essentiellement de la littérature francophone.
Oui. C'est une grande frustration de ne pas maîtriser de façon littéraire la langue arabe. D'ailleurs, dans mon livre, j'ai un peu travaillé ça, plutôt au niveau du style. J'ai essayé de dénicher une certaine circularité dans l'écriture qu'on peut retrouver dans la langue arabe, dans cette accumulation de synonymes par exemple, qui m'a beaucoup impressionné. Trouver plusieurs sens à un mot. Jouer avec les mots, les répéter, leur donner une sonorité, une musicalité dans le texte, le paragraphe. Et surtout introduire des mots algériens dans une phrase construite. Je trouve fascinante la récupération de la langue française par l'algérien. Cette aptitude à vouloir faire du «sujet-verbe-complément», alors qu'on est censé parler un dialecte arabe. Et tout cela est venu très naturellement.
-Vous évoquez des répétitions, des formes de pulsations, cette manière, ce style parfois redondant, peut intriguer, voire éloigner le lecteur.
Dans votre récit, il y a une forme de cohabitation bizarre entre un récit intimiste et ces formes de pulsations que vous soulignez.
Je parle d'un point de départ dans ce livre qui dit en substance, qu'à ma naissance, je n'ai pas crié. Il y a une métaphore. D'où cette recherche de parole. De la parole. Donc je cherche une parole. J'ai le sentiment que la ville dans laquelle je vis cherche une parole. La société en fait de même. Tout comme la région. Ce qui est assez troublant, c'est que j'ai commencé à écrire ce livre en avril 2010 et que la première mouture s'est achevée le 14 janvier 2011.
Déclenchement de la révolution tunisienne. Est-ce que cette notion de parole ne traînait pas dans l'air ? Maintenant, oui. Effectivement, il y a des allers retours entre des introspections… J'allais dire on rentre en soi, dans son histoire, dans son passé. Ce sont des choses qui remontent. Donc entre des introspections et des ruptures. Il n'y a pas de continuité chez moi dans cette recherche. Je monte, je descends, je monte, je descends, d'où ce parallèle avec le relief de la ville d'Alger. Effectivement, l'idée est de passer de l'un à l'autre. C'est un parti-pris. Il n'y a pas de trame narrative. Je ne raconte pas d'histoires. Je ne sais pas le faire. Après, il y a beaucoup de références à l'hypnose, entre en soi, et au soufisme, Dieu est en toi, l'envolée, la circularité.
Tout cela est antinomique avec le récit traditionnel. Maintenant, je peux comprendre qu'on puisse être déboussolé par ce rythme. J'essaie de traduire cette sensation que je peux avoir au lieu où je vis. Alger, il y a le charme et le rejet brutal. Et puis, peut-être, qu'il y a aussi la relation amoureuse. Peut-être que c'est dû à ça. Tout est fusionnel. On se retrouve avec l'être aimé, on est vulnérable, fragile et on finit par le lui reprocher. D'où des cassures de rythme. C'est une quête désordonné, chaotique, troublante.
-Vous évoquiez l'enfance solitaire. Vous avez inséré une photo de vous, seul. Vous avez grandi.
Je suis un adulte seul.
-Oui, mais est-ce que l'adulte en vous craignait d'aller trop loin, ce qu'un enfant ne ferait pas ?
Je suis allé aussi loin que je pouvais dans ce livre. Je ne me suis pas autocensuré. J'ai dit ce que je voulais. Peut-être qu'il y a eu de la difficulté à «dire». Mais est-ce que «dire» c'est raconter une histoire ? Je vais même aller au-delà de la peur, c'est une incapacité, une impossibilité. Je suis né dans l'impossibilité du cri. Ce livre, c'est une forme de travail qui va consister à aller de plus en plus vers moi, vers l'histoire, ce que j'appelle la faille, le cri, la source. La parole. Tout se rejoint. In fine, oui j'ai peur. Mais je ne suis pas seul dans le sens où je serais isolé. C'est un état contemplatif. C'est mon dialogue intérieur.


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