Ces tour-operators, frappés de plein fouet par la cessation de leurs activités pour des raisons sécuritaires et accablés aussi par de lourdes dettes, demandent la réouverture des circuits. Le tourisme n'a jamais été au centre des préoccupations de l'Etat comme pour la relance touristique dans la wilaya de Tamanrasset, qui s'est avérée, comme toujours, un leurre auquel essayent pourtant de croire les responsables de près de 80 agences de voyages activant dans cette région millénaire. C'est la conclusion faite par les tour-operators de la wilaya après la visite de travail et d'inspection que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait effectuée, le 7 novembre dernier, dans la wilaya de Tamanrasset. Ce constat a été malheureusement vérifié lors de la rencontre du Chef du gouvernement avec la société civile au centre universitaire El-Hadj Moussa-Ag-Akhamok où se sont relayés plusieurs intervenants, afin de faire part des difficultés rencontrées par les agences touristiques et du marasme qu'a subi ce secteur depuis 2010, date de l'interdiction du Sahara algérien aux touristes étrangers, particulièrement le Tassili du Hoggar. Le président de l'Association des agences de voyages, Hamdaoui Ahmed, a énuméré tous les problèmes que subit ce créneau dans la capitale du tourisme saharienne. Lors de son intervention, il a fait des propositions que les autorités devraient inéluctablement accompagner pour faire sortir ce secteur d'activité de sa profonde torpeur. M. Hamdaoui a, ainsi, évoqué le problème des agences qui se trouvent actuellement entre le marteau des services des impôts et l'enclume de la justice, au vu des dettes dans lesquelles elles s'embourbent. "Pourtant, le montant de la dette fiscale cumulée après trois ans de disette ne dépasse pas 2 milliards de dinars pour les deux wilayas du Grand-Sud, Illizi et Tamanrasset. On dit que des mesures relatives à l'effacement cette dette ont été prises par les hautes autorités du pays pour aider les agences. Cependant, les promesses ont toutes fondu comme neige au soleil", regrette M. Hamdaoui, qui a suggéré de créer un fonds spécial pour assister les agences en difficulté, mais aussi pour les subventionner afin de faire peau neuve et de renouveler leurs équipements de travail. En substance, M. Hamdaoui a préconisé d'ouvrir les circuits fermés, à l'exemple de ce qui a été fait dans la région d'Illizi. Au moment où tout le monde s'attend à des décisions réconfortantes, notamment de la part d'un responsable qui a fait ses premiers balbutiements au pouvoir à partir de cette wilaya-continent, M. Sellal a pratiquement répondu à toutes les questions sauf celles posées par les tour-operators qui se voient marginalisés et totalement exclus. "Les pouvoirs publics doivent comprendre que nous sommes ici pour revendiquer nos droits les plus légitimes et non pas pour quémander. On en a marre de cette politique de mensonges. Qu'on cesse de nous considérer comme de simples agents de services auxquels on ne fait appel que lors des occasions folkloriques ou pour servir... le thé", clame un membre de l'association, non sans dépit. Et de renchérir : "On aurait souhaité que le Premier ministre demande à l'un des opérateurs de Tamanrasset comment fait-il pour gagner sa vie au lieu de nous amadouer par ses flatteries chimériques. Cette visite a été une sorte de poudre aux yeux. Combien de temps notre pays devrait rester encore à la merci des hydrocarbures ? On sait pertinemment que le Premier ministre est venu pour apaiser les tensions et essayer de contenir le brasier du Sud. Mais aussi pour jouer la carte électorale en faveur de Bouteflika que nous avions, pour rappel, soutenu corps et âme en 1999. Cependant, nous tenons à lui (M. Sellal, ndlr) faire savoir, cette fois-ci, qu'il a entamé la compagne électorale du mauvais pied." Ce qui a suscité plus de colère chez les opérateurs de l'Ahaggar est la décision prise par le Chef du gouvernement quant au transfert vers la sortie nord de la ville, non loin de l'aéroport d'Aguenar, de la Zone d'expansion touristique (ZET), prévue initialement sur la route menant vers le mont de l'Assekrem. "25 ans de rêve viennent ainsi de s'estomper sur une décision impulsive et farfelue prise sans concertation aucune avec les spécialistes en la matière. Le Premier ministre semble oublier que le terrain proposé pour accueillir la nouvelle ZET relève du périmètre de sécurité de l'aéroport. M. Sellal a pris cette décision pour éviter le vacarme de la ville aux touristes sans se rendre compte des risques et des désagréments liés au bruit assourdissant causé lors du décollage et l'atterrissage des avions auxquels ces mêmes touristes seraient exposés. C'est un paradoxe !", déplore notre interlocuteur. R K Nom Adresse email