Des associations féminines ont appelé, hier, de la maison de la presse Tahar-Djaout (Alger), les femmes et leur famille à participer à une randonnée pédestre, prévue le 23 novembre prochain, au parc zoologique de Ben Aknoun, pour dire : "Halte à la violence contre les femmes, halte à l'impunité et pour une loi qui nous protège". Lors d'une conférence de presse tenue dans le local Ounoutha de Femmes en communication (FEC), les représentantes du réseau Wassila/Avife, de l'Association algérienne pour la planification familiale (AAPF), de FEC, de l'Association pour l'émancipation de la femme (AEF) et de celle de Bnet Kahina, ont annoncé que la marche à pieds, qui débutera à 9h du matin, à l'entrée du Village africain, est organisée pour commémorer la Journée internationale contre les violences faites aux femmes et célébrer le Cinquantenaire de l'Iindépendance de l'Algérie. Dans son intervention, Soumia Salhi, présidente de la Commission nationale des femmes travailleuses de l'UGTA et membre de l'AAPF, a indiqué que "les violences qui font des milliers de morts et de blessées en Algérie et dans le monde sont la première atteinte contre les femmes". S'appuyant sur les chiffres de 2012 de la Gendarmerie nationale, qui font état de 46% d'agressions à la maison, elle a affirmé que "le premier lieu de la violence est au niveau de la famille". Mme Salhi, dans ce cadre, a déploré qu'en dépit de la présence plus grande des femmes dans les différents espaces et sphères, celles-ci sont encore minorisées, parce que considérées "sous-citoyennes sur le plan juridique". Aussi, plaidera-t-elle pour "une meilleure protection des femmes et une meilleure reconnaissance de leurs droits, reconnus pourtant par la Constitution". Une revendication formulée depuis des années par les associations de femmes et les organisations nationales des droits de l'Homme, qui est à l'origine de la campagne "Stop à la violence ! Les droits aux femmes maintenant" en 2010-2011 et du dépôt d'un projet de loi spécifique criminalisant les violences à l'égard des femmes, au niveau de l'APN. La syndicaliste et militante des droits humains s'est également exprimée sur ces "violences symboliques", véhiculées par des médias et donnant "une image négative" des femmes. D'après elle, la randonnée pédestre de samedi prochain sera une occasion pour "célébrer le courage des femmes et rendre hommage à leur combat pour la dignité". De son côté, Dalila Iamarene-Djerbal, responsable au réseau Wassila, a observé que "50 ans après l'Indépendance, 60 ans après le 1er Novembre 54 et l'épopée des moudjahidate, les femmes attendent que soit reconnue leur place, en toute égalité avec les citoyens, dans la construction de la nation". La sociologue a aussi noté que la loi actuelle considère le viol, par exemple, comme une atteinte aux bonnes mœurs, en faisant abstraction sur "les citoyens et citoyennes". Plus loin, Mme Iamarene-Djerbal a défendu le principe d'une "nouvelle manière de poser la question de la dignité et des droits des femmes victimes des violences". Au cours du débat, les intervenantes sont revenues sur la randonnée pédestre, insistant sur la nécessité de "mobiliser et de rassembler" autour de la question des violences faites aux femmes. Elles ont également informé que cette initiative se veut "un hommage" aux anciennes combattantes de la guerre de Libération, en particulier aux moudjahidate décédées dernièrement, comme Nassima Hablal, Mamia Chentouf, Z'hor Zérari et Jeannine Belkhodja. Les animatrices, par ailleurs, ont évoqué l'article 341 bis du code pénal relatif à la criminalisation du harcèlement sexuel, en demandant aux autorités du pays que ledit article, inséré dans le chapitre des délits, fasse partie du chapitre des droits de l'Homme. N'est-ce pas là le premier test pour les gouvernants de l'Algérie, nouvellement élue au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU ? A. H Nom Adresse email