Appelons-le Vahid, c'est tellement plus facile à prononcer ou à écrire que Halilhodiz, non Halilodidz, encore non ? Allons-y doucement en nous aidant de la presse du jour qui reprend son nom en fanfare : Halilhodzic. Vahid donc m'a fait comprendre, après le match contre le Burkina, quelle mince frontière il y a entre le génie et le fou. Le génie, on le connaît. Il a retapé l'équipe nationale lui permettant, elle au ventre sec et stérile, d'enfanter des buts à la pelle. Il l'a rendu conquérante, elle qui était conquise et soumise après le passage du "général " Benchikha. Général ? Oui, c'est ainsi que la presse sportive, jamais à court de surnoms, l'appelle. Général d'opérette, peut-être ? Mais enfin, n'accablons pas le technicien qui était sincère dans sa démarche et qui n'a demandé ni à être général ni même caporal. Vahid le fou ? Il y a d'abord cette conférence de presse d'avant-match où il a tiré sur tout ce qui bouge, à commencer par ses propres joueurs, l'instance fédérale et même les journalistes. Sidérant ce genre de comportement ? Oui, pour le profane qui pense avec la passion. Non, pour le professionnel lucide qui voit. Et que voit-on ? Un homme qui a peur, oui messieurs, un homme tétanisé par la trouille. Un homme dont l'angoisse lui fait chercher des boucs émissaires avant la rencontre. Message apparent : tout va mal, n'attendez pas de miracles de cette équipe. Message latent : je vous avais dit qu'on allait perdre. Il y a, ensuite, la composition d'équipe. Ne sachant quoi faire, il a suivi le proverbe bien de chez-nous : "Khalatha tasfa" qu'on pourrait traduire par brouille tout (ou mélange) tout pour que ça devienne plus clair. Alors il a commencé à mélanger en laissant sur la touche le joyau de l'équipe, le meilleur joueur algérien actuel, Taider, qui joue à l'Inter de Milan, pour le remplacer par Lahcen à court de compétition. Autre changement tout aussi incroyable : la mise sur la touche de Mbolhi qui avait ses automatismes avec les défenseurs, même s'il ne joue pas avec son club, par Zemamouche qui n'a jamais été rassurant en équipe nationale. Suivons le match. Il y a d'abord cette prise de bec avec le quatrième arbitre et même, si incroyable que cela puisse paraître, avec un joueur burkinabé qui s'apprêtait à pénétrer sur le terrain. Veut-il se faire expulser coûte que coûte le Vahid. N'eût été la tolérance de l'arbitre sénégalais, il aurait écopé d'une lourde suspension. Continuons. Alors que certains joueurs demandaient à être remplacés, il fera le sourd, laissant sur la touche Taider et Belfodil, le magnifique duo de l'Inter, qui piaffaient d'impatience et avec eux toute l'Algérie. Fermé à tout, buté, Vahid avait bien tous les symptômes d'un homme qui avait perdu ses esprits. C'était sa période folie. Heureusement qu'il a aussi, plus souvent, ses périodes de génie. H. G. [email protected] Nom Adresse email