Ce jugement de la part de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, qu'elle dirige depuis 1990, tranche avec ses positions habituelles à l'égard du chef de l'Etat qu'elle a toujours ménagé. Repositionnement ? Pour sa première sortie publique après son plébiscite à la tête du Parti des travailleurs (PT), pour, précise-t-elle, "un 3e mandat, et non pas le 7e", Louisa Hanoune s'est mise dans une posture que personne n'attendait. En effet, elle a tenté de rompre avec sa traditionnelle défense à tout bout de champ d'Abdelaziz Bouteflika, pour, cette fois-ci, le critiquer. Ainsi, elle n'a pas hésité à égratigner le chef de l'Etat en indiquant que son bilan est plutôt négatif et que les réformes initiées sous son règne ont, tout simplement, échoué. "Hormis la paix qu'il a restaurée avec le concours de beaucoup d'autres forces, son bilan est plutôt négatif", a-t-elle lâché lors d'une conférence de presse qu'elle a animée hier, à Alger. Cette déclaration, pour le moins étonnante de la patronne du PT, vient au moment où les différents partisans et autres courtisans du chef de l'Etat se bousculent au portillon pour revendiquer un 4e mandat. Louisa Hanoune ne s'est pas contentée de cette volée de bois vert à l'égard de Bouteflika, elle a ajouté que "les réformes politiques, qu'il a initiées par le biais de la Commission Bensalah en 2011, ont aussi échoué". Cela dit, c'est la première fois, depuis plusieurs années, que le PT dresse ainsi un constat désastreux des réformes politiques initiées et tant promises par Bouteflika. Sur le plan économique, Louisa Hanoune n'a cessé de fustiger les choix des différents gouvernements de Bouteflika depuis son retour aux commandes. Même à propos des recommandations du FMI formulées par son chef de mission en Algérie, Zayn Zaydan, aux autorités algériennes, qui veulent en tenir compte, elle les qualifie de "propos dangereux". Le PT prend-il ses distances vis-à-vis du chef de l'Etat ? Rien n'est moins sûr, puisque Mme Hanoune a essayé, après coup, de "modérer" un peu sa position en indiquant qu'au début, soit lors du premier mandat, "Bouteflika était sur la mauvaise voie". Ensuite, a-t-elle tenté encore de se rattraper, "il a corrigé certaines positions que le PT avait saluées". Sur un autre registre, Mme Hanoune n'a pas tout à fait exclu sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Elle a, dans ce sens, souligné que "cette échéance est capitale pour le pays" et que lors des recommandations du 7e congrès, "beaucoup de congressistes ont soutenu ma candidature". Elle a ajouté, par ailleurs, que "la décision finale revient aux instances du parti pour trancher sur la question". Interrogée sur l'initiative de plusieurs partis de l'opposition qui réclamaient "une commission indépendante" pour gérer les élections, Mme Hanoune a promptement renfilé son costume "d'opposante" à l'opposition, en déclarant ne pas s'inscrire dans un magma politique où l'on arrive à peine à identifier qui est qui. Pour elle, ce n'est rien d'autre qu'une bipolarisation de la scène politique entre pouvoir et opposition. À ce sujet, elle a souligné que "le PT ne soutiendra jamais un candidat de l'opposition" et que la bipolarisation "est le tremplin des impérialistes pour imposer un candidat qui servira leurs intérêts". Cette idée "ouvre la voie, a-t-elle ajouté, à l'ingérence étrangère", surtout, a-t-elle martelé, "dans ce contexte de guerre régionale impérialiste qui vise les nations, leurs biens et leur intégrité". Elle a rappelé que le PT "soutient d'abord les programmes", chose qu'elle ne trouve pas chez beaucoup de partis de la "coalition des 15", et aussi "la différence dans les idéologies des membres de cette coalition". Elle a ajouté, en outre, que le PT "était la première formation à avoir formulé cette demande en 2011". Concernant la candidature de Bouteflika, Louisa Hanoune n'a pas jugé opportun de faire des commentaires. M M Nom Adresse email