Les groupes terroristes commencent à refaire surface dans de nombreuses localités de la région. Zekri, dans l'Akfadou, samedi 23 novembre, 6h du matin. Il fait encore nuit lorsqu'un convoi militaire en campement dans la région prend la route en direction de la forêt de Bounaâmane. Objet de la mission : ratissage routinier. Un groupe terroriste aurait été localisé la veille. Six heures passées, première escale au lieu-dit Imri Moussa. C'est un no man's land très fréquenté par les groupes armés depuis le début de la subversion intégriste. Un Q.G. à partir duquel sont fomentés les attentats par le chef du GSPC. Arrivée sur les lieux, une patrouille pédestre est désignée pour pénétrer dans le maquis. C'est à ce moment qu'une bombe artisanale explose, suivie de tirs nourris à l'arme automatique provenant d'un groupe terroriste embusqué dans un buisson. Malgré l'effet de surprise, les éléments de l'ANP ripostent énergiquement pour repousser l'assaut et éviter surtout l'hécatombe. Le bilan est lourd : 9 morts et 12 blessés. Avant de battre en retraite, les terroristes se sont emparés de plusieurs armes. Les blessés ont été acheminés, dans un premier temps vers l'hôpital d'Azazga, avant d'être transférés à l'hôpital militaire de Aïn Naâdja. Juste après l'attentat, des renforts ont été dépêchés sur les lieux. Deux hélicoptères volant à basse altitude ont tournoyé pendant des heures à la recherche des criminels. Ce nouvel attentat à l'explosif contre une patrouille militaire provoque des inquiétudes et des interrogations en Kabylie où les groupes terroristes commencent à refaire surface dans de nombreuses localités. L'embuscade d'hier est la quatrième enregistrée, en moins de trois mois, dans la wilaya de Tizi Ouzou puisque deux autres attaques similaires ont eu lieu, ces dernières semaines, à Aït Chaffaâ (Azzefoun) et Aït Aïssi (Béni-Douala) provoquant un mort et une dizaine de blessés dans les rangs des militaires. D'autres régions telles que Draâ El-Mizan et Boghni sont soumises, ces derniers jours, à la pression des groupes armés. Le 2 novembre dernier, c'est une entreprise publique, l'ENMGP de Mechtras, qui a été attaquée par des hommes qui se sont fait passer pour des policiers. Neuf fusils à pompe ont été subtilisés par les terroristes aux agents de sécurité. Quatre jours auparavant, le chef de la garde communale de Draâ El-Mizan a été assassiné au marché de la ville. À ces attentats s'ajoutent de fréquents faux barrages dressés sur les routes départementales pour racketter les passagers. Face à la réapparition inquiétante des groupes terroristes en Kabylie, les forces de l'ANP se sont redéployées à grande échelle, ces derniers temps, dans les massifs forestiers de Mizrana, Sidi Ali Bounab et Akfadou où des campements ont été installés. Les irréductibles du GSPC ne croient pas à la concorde civile et la traque risque d'être très longue. A. T.