"Il y a un flou total et une grande opacité. Mais ce n'est pas nouveau. Le flou et l'opacité ne sont qu'un outil, une stratégie du pouvoir. Ils font en sorte qu'il n'y ait pas de visibilité jusqu'à la dernière minute. Plus cette situation de flou perdure, plus les dirigeants assurent leur maintien au pouvoir", analyse le président du RCD, joint hier par téléphone. Et face à un tel brouillard, il est "logique et normal", estime M. Belabbas, que "les candidats ne se bousculent pas pour annoncer leur entrée en lice". "Tant que les règles du jeu ne sont pas claires et tant que le pouvoir maintient son refus quant à l'installation d'une commission indépendante pour la gestion des élections, il est très difficile pour un candidat crédible de s'engager dans une telle compétition", explique-t-il. Qui porte le chapeau d'une telle situation ? "C'est tout le système. Bouteflika n'a rien ramené de plus. C'est toujours ainsi et depuis toujours", répond M. Belbbas. Le RCD a-t-il bon espoir que les choses évoluent positivement ? "Tout dépend de la classe politique en général. Si on arrive à se mobiliser pour que les élections se tiennent dans des conditions acceptées par tout le monde, il y a moyen de relancer l'espoir. Mais si les élections se déroulent dans les mêmes conditions que celles d'avant et si, en plus, le pouvoir impose une nouvelle Constitution au peuple algérien, une grave crise menace alors le pays", rétorque M. Belabbas qui ne s'est pas privé de saluer l'initiative des 19 partis et personnalités qui travaillent pour la mise en place des conditions d'une compétition loyale lors des prochaines joutes électorales. "Le plus important à relever est que des partis discutent pour aller vers une proposition consensuelle sur les conditions du déroulement des élections, car on ne peut pas parler d'une compétition sans parler des conditions de la compétition elle-même. Une vingtaine de partis demande à ce que le ministère de l'Intérieur soit dessaisi de l'organisation des élections", se félicite-t-il. Sofiane Djillali (Jil Jadid) : "Personne n'est prêt à jouer le décor" "Ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas plus de candidats déclarés, d'autant plus que potentiellement, il y a des personnalités qui peuvent prétendre à la présidence", assure-t-il. La raison ? "Le problème vient de l'opacité d'une situation et du forcing du clan présidentiel pour un 4e mandat. Il est entendu que si le président de la République s'engage dans la course, le jeu sera fermé. Donc, jusqu'à aujourd'hui, il n'y a aucune garantie que les élections seront honnêtes. C'est ce qui explique l'hésitation des candidats", explique-t-il. Cette raréfaction de candidatures n'agrée pas beaucoup Sofiane Djillali, qui escompte un grand nombre de postulants pour empêcher le pouvoir d'agir à sa guise et de mettre en œuvre ses plans. "Le problème, c'est que cela fait le jeu du pouvoir. Il aurait été préférable, de notre point de vue, qu'un maximum de candidats se déclarent pour faire pression sur le pouvoir, et l'empêcher de triturer encore une fois la Constitution et d'installer une dynastie", estime-t-il, avant de se reprendre : "Le nombre de candidats n'est pas un problème, c'est l'honnêteté des élections qui est en cause." Ne voulant pas insulter l'avenir, le président de Jil Jadid dit espérer un ressaisissement de l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia pour renoncer à son projet de présidence à vie : "J'espère que le Président revient à la sagesse, qu'il convoque le corps électoral et qu'il annonce aux Algériens qu'il sera au-dessus des enjeux, et s'engage à parrainer une élection sans triche et se retire ensuite avec le minimum de dégâts pour le pays et pour lui." A .C Nom Adresse email