Deuil - A l'appel de leur président, les Sud-Africains s'apprêtaient déjà à «prier, chanter et danser», ce dimanche, à la mémoire de l'icône de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela. C'est ainsi que les Sud-Africains marqueront le premier jour d'une semaine de deuil officiel qui doit s'achever par son enterrement le 15 décembre. «Nous demandons à tous nos concitoyens de se rassembler dans les centres communautaires, les églises, les mosquées, les temples, les synagogues et chez eux pour des prières et des méditations, sur la vie de Madiba et ce qu'il a apporté à notre pays et au monde», a déclaré le président Jacob Zuma, appelant son illustre prédécesseur de son nom de clan, affectueusement repris par la majorité des Sud-Africains. A l'occasion de cette «journée nationale de prières et de réflexions», «nous devons, tout en pleurant, chanter avec le plus de voix possible, danser et faire ce que nous voulons faire, pour célébrer la vie de ce révolutionnaire exceptionnel qui a gardé vivant l'esprit de liberté et nous a conduit vers une nouvelle société», a insisté M. Zuma. «Nous, les Sud-Africains, nous chantons quand nous sommes heureux et nous chantons aussi quand nous sommes tristes, afin de nous sentir mieux. Célébrons Madiba de cette manière, que nous connaissons le mieux. Chantons pour Madiba!», a ajouté le président. Ce matin, la grande église catholique Regina Mundi de Soweto, haut lieu de la résistance à l'apartheid, était à moitié pleine pour la messe de 7 heures. Le prêtre Sebastian Rossouw a appelé ses fidèles à prier pour Mandela, «une lumière dans l'obscurité», soulignant «l'humilité et la capacité de pardonner» du premier président noir sud-africain. Mais, «comme chaque être humain, Madiba n'était pas parfait», a ajouté le prêtre, appelant Nelson Mandela par son nom de clan, comme le font souvent les Sud-Africains. A l'extérieur de l'église, les paroissiens qui attendent la deuxième messe se recueillent. Pas de larmes. Olga Mbeke, 60 ans, se remémore les temps violents de l'apartheid: «Lors de nos meetings ici, la police venait et nous lançait des gaz lacrymogènes. On se sauvait en courant. A l'époque, on priait pour les combattants, dont Mandela. Il s'est battu pour nous, maintenant il doit trouver le repos. Nous prions pour la paix de son âme». L'hommage a déjà commencé depuis l'annonce du décès du prix Nobel de la paix 1993. Les médias ne parlent que de lui, et des milliers de Sud-Africains ont déjà défilé pour lui rendre hommage dans des lieux symboliques. Après les prières de ce dimanche, la semaine se poursuivra demain, lundi, par un hommage du Parlement, suivi après demain, mardi, par une cérémonie officielle dans le stade de Soccer City, à Soweto. C'est là que Nelson Mandela avait fait sa dernière apparition publique en juillet 2010, pour la finale de la Coupe du monde. Le corps du héros de la lutte anti-apartheid sera transféré mercredi prochain en grande pompe dans l'amphithéâtre d'Union Buildings, le siège de la présidence à Pretoria, où il sera exposé pendant trois jours. Une cérémonie d'adieu aura lieu samedi prochain sur une base militaire pour saluer le départ de Nelson Mandela vers sa dernière demeure. Nelson Mandela sera enterré dimanche 15 décembre à Qunu, auprès de ses parents et de trois de ses enfants.