Après avoir connu plusieurs suspensions dans une période de deux mois de négociations chaotiques, le dialogue national a réussi et ce, au forceps, dans sa dernière manche. Le long feuilleton a pris fin samedi soir après une journée mouvementée au siège du ministère des Droits de l'homme et de la Justice transitionnelle à l'occasion de la plénière tenue entre le Quartette et les protagonistes au dialogue national. Ces derniers sont arrivés à un consensus qui a abouti au choix du futur chef du gouvernement de compétences nationales et ce, malgré les protestations et le retraits en début de soirée du parti Nidaa Tounes, le Front populaire et Al Joumhouri. Le choix s'est finalement porté in extremis tard dans la soirée sur le ministre sortant de l'Industrie Mehdi Jomaâ qui devra former son gouvernement d'indépendants. "Le dialogue et les discussions ont abouti à un vote et au choix de Mehdi Jomaâ comme candidat au poste de Chef de gouvernement", a déclaré Houcine Abassi, secrétaire général du syndicat et principal médiateur des pourparlers. "Notre peuple a beaucoup attendu mais malgré les difficultés et les entraves (...), ce dialogue n'a pas échoué", a-t-il souligné, avant d'ajouter: "Félicitations à la Tunisie". Mehdi Jomaâ, relativement inconnu du grand public, est un ingénieur sans appartenance partisane déclarée, diplômé de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis en 1988 et titulaire d'un diplôme supérieur de mécanique (DEA). Ceci dit, ce fut un véritable suspense qui a tenu les Tunisiens en haleine durant plus de huit heures (de midi jusqu'à vingt heures), sans pour autant aboutir à la solution que tout le monde attendait depuis près de trois mois. Les déclarations sur les chances des uns et des autres, les indiscrétions distillées aux médias sur la montée de la cote d'un candidat ou d'un autre et les petites phrases produites par les participants à la plénière, au gré des pauses, n'ont pas permis de clarifier les choses. Elles ont, plutôt, imprimé aux débats une cacophonie qui allait grandissant d'une heure à l'autre, au fil des discussions où les pronostics en faveur des uns ou des autres changeaient d'un moment à l'autre. Mourad Amdouni, représentant du Courant populaire, a, en effet, déclaré sur la chaîne Nessma TV : "Mehdi Jomaâ a remporté 9 voix alors que Jalloul Ayed a reçu la confiance de 2 partis. Sur les 15 partis qui n'ont pas quitté la salle, seuls 11 ont participé au vote". Ainsi, Mehdi Jomaâ s'est-il retrouvé choisi au poste de chef de gouvernement lors d'une opération de vote qui s'est déroulée en l'absence de Nida Tounès (qui s'est finalement retiré), d'Al Joumhouri dont le porte-parole, Issam Chebbi, a également claqué la porte et du Front populaire. Au final, Ennahdha a fini par imposer son candidat, un ministre du gouvernement Laârayedh. Certains observateurs et représentants de partis politiques se sont interrogés sur l'acceptation de la candidature de Mehdi Jomaâ par les participants au Dialogue national. Alors que d'autres considèrent que "ce choix constitue un coup dur au Dialogue national" et vont jusqu'à prédire que "le gouvernement qu'il va former est voué à l'échec". Maintenant que les dés sont jetés, il est reste à savoir comment réagira l'opposition qui, elle aussi, a prouvé sa mauvaise volonté à travers ses calculs et intérêts partisans. Le compromis dont parlait l'UGTT, principal médiateur, était la désignation de Mustapha Filali au poste de Premier ministre. Après l'annonce du nom de cette personnalité, cette dernière a été vite invitée par la radio Shems FM, vendredi matin, pour confirmer l'information. Il déclare : "Je refuse le poste de Premier ministre, pour des raisons de santé et pour le facteur de l'âge", a-t-il annoncé dans une déclaration accordée à Shems FM. Mustapha Filali a appelé les partis politiques à prendre en considération des candidats moins âgés et plus appropriés à ce poste. Or, M. Filali n'a pas révélé la vraie raison de son refus. Selon nos informations recueillies auprès du porte-parole du parti Ettakatol, Mohamed Bennour et de Kamel Morjane, président du parti El Moubadara, ces deniers nous ont confirmé que Mustapha Filali n'avait pas apprécié le fait que son nom soit choisi sans qu'il ait été consulté en personne. I. O. Nom Adresse email