La Tunisie a-t-elle amorcé une sortie de sa crise politique ? Tout porte à croire que la situation est moins tendue aujourd'hui. L'accord trouvé samedi soir sur le nom du Premier ministre, souligne un climat politique moins fermé et des possibilités de dialogue entre les parties pour aplanir le différend qui perdure depuis l'assassinat de Chokri Belaïd en février dernier exacerbé par celui de Mohamed Brahmi en juillet. Depuis l'été, seule la voix de la rue se faisait entendre dans le pays. Les politiques n'arrivaient pas à trouver un terrain d'entente ni à se mettre d'accord sur le nom de la personne qui devait mener le gouvernement de transition. Faute de compromis samedi, la question a été soumise à un vote des 21 partis représentés aux pourparlers, dont Mehdi Jomaâ est sorti vainqueur. Une partie de l'opposition, en particulier Nidaa Tounes de Caïd Essebsi, a rejeté ce choix et boycotté le vote. Après deux mois de négociations chaotiques, le ministre sortant de l'Industrie Mehdi Jomaâ a été désigné, hier, pour former un gouvernement d'indépendants. Le ministre sortant de l'Industrie Mehdi Jomaâ a donc été désigné, en dépit des protestations d'une partie de l'opposition, pour former un gouvernement d'indépendants afin de sortir la Tunisie d'une profonde crise politique, a annoncé samedi le syndicat médiateur Ugtt. «Le dialogue et les discussions ont abouti à un vote et au choix de Mehdi Jomaâ comme candidat au poste de chef de gouvernement», a déclaré Houcine Abassi, secrétaire général du syndicat et principal médiateur des pourparlers. «Notre peuple a beaucoup attendu mais malgré les difficultés et les entraves (...), ce dialogue n'a pas échoué», a-t-il souligné, avant d'ajouter : «Félicitations à la Tunisie.» Mehdi Jomaâ, pratiquement inconnu du grand public est un technocrate qui était en charge du ministère de l'Industrie actuel. Âgé de 51 ans, père de cinq enfants, il est ingénieur sans appartenance partisane déclarée, diplômé de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis en 1988 et titulaire d'un diplôme supérieur de mécanique (DEA), selon sa biographie officielle diffusée en mars par l'agence d'Etat tunisienne TAP. Il a entamé alors une carrière dans le privé qui l'a amené au poste de directeur d'une division de Hutchinson, une filiale du géant français Total spécialisée dans l'aérospatiale et dont les principaux clients sont des groupes comme Eads, Airbus ou Eurocopter. Après la démission du gouvernement dirigé par l'islamiste Hamadi Jebali à la suite de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd en février, le nouveau Premier ministre Ali Larayedh a fait appel à lui en mars pour diriger le ministère de l'Industrie. Jomaâ réussira-t-il là où avaient échoué ses deux prédécesseurs ? La tâche s'annonce difficile d'autant que le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis l'assassinat en juillet du député Brahmi. Les islamistes ont accepté de quitter le pouvoir à condition qu'en parallèle soit adoptée la future Constitution, en cours d'élaboration depuis deux ans et que le calendrier des futures élections soit fixé. L'impasse politique a accentué la dégradation de la situation économique et sécuritaire dans le pays. Cette dernière a été marquée par une tension sur les frontières ouest de la Tunisie et l'assassinat de nombreux soldats et gendarmes. M. S./Agences