Avec un tel rythme et de telles conditions, Constantine sera-t-elle à la hauteur d'un tel événement ? "Constantine, capitale de la culture arabe 2015". C'est ce qui a été décidé en décembre de l'année 2012 par l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (Alesco). Pour ce faire, pas moins de 74 projets ont été programmés pour que cette ville antique soit à la hauteur d'un tel événement grandiose, citant à titre d'exemple, deux musées, une grande salle de spectacle de 3000 places, une galerie d'art, des salles de cinéma, etc. Une enveloppe de plus de 15 milliards de DA a été allouée, notamment, pour réhabiliter les équipements culturels vétustes de la ville et en construire d'autres. Mais le projet semble se heurter à de sérieux problèmes, notamment celui du foncier, qui demeure un vrai casse-tête pour les autorités, alors que nous sommes qu'à 16 mois du jour J. En effet, on constate qu'aucun des projets prévus au programme n'a vu le jour, à l'exception de l'hôtel Marriott situé en contrebas de l'université Mentouri, dont le taux d'avancement des travaux jusqu'à présent atteint 50%. Par ailleurs, en ce qui concerne la réhabilitation des infrastructures culturelles, prévue dans le cadre de cette manifestation, à savoir la maison de la culture Mohamed-Laïd Al-Khalifa (qui sera transformée en palais de la culture), le siège de la wilaya, la palais de la culture Malek-Haddad, la Medersa, le palais du Bey, les Foundouks de la vieille ville, le Théâtre régional et les hôtels Cirta et Panoramic. S'agissant de la construction des nouvelles infrastructures, le directeur de la culture a indiqué à plusieurs reprises que "des commissions locales et nationales seront installées afin de pouvoir étudier la construction d'une grande bibliothèque". D'autres grands chantiers sont également prévus, tels la construction d'un nouveau palais de la culture, un siège de la direction de la culture, des théâtres, en sus d'un parking et des pavillons d'exposition. À cet effet, pas moins de quinze bureaux d'études algéro-français ont été désignés. Tout en signalant que leur travail sera inspecté par l'Office de gestion et d'exploitation des biens culturels de Constantine (OGEBC). Ce dernier suivra "de très près" les chantiers de réalisation de ces projets inscrits au profit de la ville du Vieux Rocher dans le cadre de cette manifestation culturelle. En outre, une opération de restauration de la médina de Constantine est également à l'étude, elle sera effectuée par des professionnels de la réhabilitation et de la restauration des vieilles bâtisses. D' autre part, comment peut-on imaginer une ville représentant la culture du monde arabe sans parler du septième art. À ce propos, selon un sondage que nous avons effectué à Constantine, nous avons constaté que dans une ville de l'envergure de Constantine dont la dimension historique et culturelle est connue mondialement, la génération des moins de 30 ans n'a malheureusement jamais mis les pieds dans une salle de cinéma, et ne sait décidemment pas comment ça s'y passe. Pis, près de 20 ans passés depuis leur fermeture, les 8 salles de cinéma du vieux rocher se trouvent dans un état désolant, 4 d'entre elles, à savoir El-Andalous, El- Anouar, Numidia et le Rummel dépendant de la commune, ont été louées à des privés, mais demeurent toujours sans activités. Un fait qui plonge "la ville du savoir" dans une obscurité culturelle la plaçant très loin derrière Annaba ou encore Alger. Ce qui, encore une fois, met en doute la capacité de cette ville à organiser un événement d'une telle dimension, et ce, en dépit des assurances des autorités qui annoncent sans cesse que la ville des ponts pourra accueillir ses hôtes venant de plus de 22 pays arabes. Enfin et concernant le tourisme, un secteur tant négligé, avec tout ce dont dispose la ville du vieux rocher comme sites touristiques, le directeur du tourisme et de l'artisanat de Constantine s'est contenté d'annoncer, sur les ondes de la chaîne locale, que "le chantier de réhabilitation du chemin des touristes sera finalement lancé avant la fin de l'année en cours". Tout en précisant que "la première tranche des travaux sera prête avant la fin de l'année en cours. Le délai de réalisation et de livraison du projet a été fixé à 18 mois". Ce chemin touristique sera exploité toujours selon le même responsable, sur une distance de près de 2,5 km, partant du "Pont du diable" situé sous le grand pont de Sidi Rached en longeant la partie droite de la falaise jusqu'au Pont des chutes, situé sous le pont suspendu de Sidi-M'cid. Pour ce faire, une enveloppe de pas moins de 330 millions de DA a été allouée à ce projet dont le contrat a été signé avec une entreprise algéro-française qui a remporté le marché. Or, nous sommes à 10 jours de la fin de l'année et rien n'a été lancé ! Dans le même sillage, le directeur du tourisme et de l'artisanat a aussi annoncé la réhabilitation du Jardin de Sousse situé en contrebas du pont d'El-Kantara, menant au chemin des Touristes. Ces opérations qui nécessitent un travail dur et long vu la structure géologique de la ville (Constantine construite sur un rocher), n'ont pas encore été lancées, ce qui nous amène à nous interroger si les autorités ont la même notion du temps. Aussi, la question se pose avec acuité. Avec un tel rythme et de telles conditions, Constantine sera-t-elle à la hauteur d'un tel événement ? I B Nom Adresse email