Dans la perspective des prochaines élections législatives, le Chef du gouvernement israélien enclenche à nouveau la machine de guerre afin de faire grimper sa cote de popularité. Sur cette terre où la mort sonne comme une fatalité, le bruit des bottes, des tirs à la mitraille et des bombes qui retentit dans le chaos du quotidien palestinien sont l'expression d'un désespoir qui égrène les victimes inlassablement. Pour justifier l'attentat, somme toute inqualifiable, commis jeudi dernier par un jeune fidayi des brigades, Azzedinne El-Kassam, dans un bus à Jérusalem, le maire de la zone autonome de Bethléem, dont est natif le kamikaze, a invoqué les conditions insoutenables de pauvreté, d'exclusion, d'enfermement et de domestication brutale dans lesquelles sont maintenues les populations palestiniennes à travers autant de camps que de villes érigés en bantoustans et constamment assiégés par le Tsaal. Jeudi, prétextant l'attentat suicide de Jérusalem, les soldats israéliens se ruent tels des forcenés sur les territoires autonomes. Chars et jeeps investissent d'abord Bethléem pour assouvir une vengeance aveugle et insatiable. Sous les chenilles des chars, des maisons cèdent alors que d'autres, vidées de leurs habitants sont transformées en unités d'observation. Maîtresse des lieux — évacués par la police palestinienne —, l'armée de Sharon établit son siège. Elle arrête des civils, des éléments des forces de sécurité palestiniennes… et le temps avec. Cisjordanie, Gaza, Jenine, Kalkylia…, le chef du gouvernement israélien ne pouvait de toute façon se résoudre à la coexistence avec un Etat palestinien indépendant. C'est à peine s'il avait consenti en août dernier, sous la pression de la communauté internationale, à retirer ses troupes de Bethléem. Une recommandation similaire prévoyait également la libération de Gaza et du reste de la Cisjordanie du joug de Tsaal. Mais lui savait, Ariel Sharon savait bien que la police d'Arafat ne pourrait pas endiguer le trop plein de frustrations de la population, ni contenir sa révolte contre la spoliation des biens, de la terre et l'usurpation de l'identité. Aussi s'est-il empressé ce jeudi encore de lancer sa machine de guerre contre les palestiniens. Dans la terminologie israélienne, il s'agit bien évidemment d'une riposte. “Les terroristes poursuivent leur guerre contre nous et nous devons rester les bras croisés ?!”, s'est écrié le maire de Jérusalem pour encourager davantage les représailles et justifier leur cruauté aux yeux du monde. Résultat, dans l'indifférence générale, un jeune lanceur de pierres de douze ans à peine est mort sous le feu de la mitraille à Jenine. Dans leur offensive désastreuse, les soldats israéliens n'ont même pas épargné un fonctionnaire des Nations unies. Silence, on tue ! Seulement “perturbé”, le président des Etats-Unis a néanmoins fini par prier Israël de retirer ses troupes des territoires autonomes en l'exhortant à poursuivre les efforts de paix. Le même vœu est exprimé sans grande conviction par l'UE, la Russie et l'ONU. Un simple vœu pieux que Tel Aviv a réduit au rang d'utopie. Prônant le tout sécuritaire, le premier ministre Sharon compte ainsi rehausser sa cote de popularité en prévision des prochaines élections, prévues en janvier pour le renouvellement du cabinet israélien. Pourvu que la guerre continue car, à gauche, les travaillistes, partisans du dialogue, avaient commencé à plaire à l'opinion. S. L.