Sur le terrain, la situation demeure difficile ponctuée par les agressions israéliennes à Ghaza. Au plan diplomatique, les Européens tentent de sortir la crise du tête- à- tête israélo-palestinien. La semaine qui vient de s'écouler a été marquée par une recrudescence sans précédent de la violence dans les territoires palestiniens occupés. Plusieurs incursions sanglantes ont été menées par l'armée israélienne dans la bande de Ghaza après la destruction par la résistance palestinienne d'un char d'assaut Merkava-3. De fait, l'armée israélienne d'occupation a vécu une semaine noire perdant, outre un matériel de guerre sophistiqué, plusieurs soldats lors d'opérations kamikazes de la résistance palestinienne. Avec des moyens limités, qui se réduisent souvent à des sacrifices humains, la résistance palestinienne, tous mouvements confondus, tient en échec la machine de guerre israélienne. En vérité, les Palestiniens ont marqué un point psychologique important en détruisant, la semaine dernière, un blindé Merkava-3 considéré par les spécialistes internationaux comme étant le plus sophistiqué et le plus performant dans son genre. Ce blindé se présente comme un monstre d'acier de 60 tonnes disposant de trois mitrailleuses, d'un mortier de 60 mm, et peut tirer des obus jusqu'à sept kilomètres grâce à des canons de 120 mm. Ainsi, Sharon n'a pas compris que la force seule demeurera à jamais impuissante à solutionner un problème essentiellement politique. C'est de fait sur ce point que les divergences entre Sharon et son ministre des Affaires étrangères Shimon Peres ont tendance à s'élargir. Autant Peres est de plus en plus convaincu que la solution du conflit israélo-palestinien, est politique et demeure l'unique alternative, autant Ariel Sharon persiste à réduire le conflit à un problème de sécurité et de lutte contre le «terrorisme» palestinien. Une analyse réductrice qui fait perdre de vue au chef du gouvernement israélien, de fait davantage contesté à l'intérieur même d'Israël, les tenants et aboutissants d'un dossier que les Israéliens sont, encore, les seuls à croire qu'il relève des affaires intérieures de l'Etat hébreu. Sharon ne se bat pas contre des fantômes, mais contre un peuple, le peuple palestinien, qui réclame la restitution de ses terres occupées depuis des décennies par Israël. C'est le noeud gordien du problème et aucune paix n'est possible sans le retour au principe de l'échange des territoires contre la paix. Comme viennent encore de le réaffirmer les parlementaires européens en conférence à Athènes. Ceux-ci, tout en lançant un appel à la reprise du dialogue israélo-palestinien, soulignent qu' «une solution juste et durable du conflit israélo-arabe doit être fondée sur le principe de l'échange des territoires contre la paix, la mise en oeuvre des résolutions de l'ONU, le respect du droit des Palestiniens à l'autodétermination et à la création d'un Etat indépendant, ainsi que du droit d'Israël de vivre en paix et en sécurité ». A cet effet, selon un communiqué du Parlement grec, une délégation de parlementaires européens, composée des présidents des Parlements des pays de l'UE et du président du Parlement européen, accompagnera dans les dix prochains jours MM.Burg et Zaanoun, à Ramallah et à Tel-Aviv. Avraham Burg, président de la Knesset et Salim Zaanoun, président du Conseil national palestinien (CNP) ont pris part à la réunion à Athènes des parlementaires européens. De son côté, le chef de la diplomatie israélienne, Shimon Peres, mène de concert avec Ahmed Qoreï (Abou Alla, président du Parlement de l'Autorité autonome) des consultations suivies avec différents partenaires ( il sera jeudi à Madrid, - l'Espagne assurant la présidence tournante de l'UE -, où il discutera avec son homologue espagnol Josep Piqué de son plan de paix) pour faire aboutir un plan qui, selon ses promoteurs, devra ouvrir sur un début de solution. Selon des indications données par la presse israélienne, le projet de plan Peres-Qoreï préconise la reconnaissance d'un Etat palestinien sur les zones déjà sous contrôle de l'Autorité autonome, (42% de la Cisjordanie et 80% de la bande de Ghaza) comme point de départ d'un « processus de négociations». Selon les mêmes sources, cette amorce de document n'a pas été approuvée par l'Autorité palestinienne, alors que Sharon s'y oppose fermement. Aujourd'hui, un large consensus commence à émerger quant au fait, incontournable, que seule une solution politique mettra un terme au conflit opposant Palestiniens et Israéliens. Seuls les tenants de la force et du mythe d'Eretz Israël, ne l'ont pas compris qui contribuent par leur obstination à ignorer la réalité, à allonger davantage la liste des victimes. De fait, il y a eu plus de morts et de blessés palestiniens et israéliens en une année de gouvernement Sharon que de morts par violence lors des quinze dernières années de confrontations entre les deux communautés. Sharon prétendait assurer la sécurité des Israéliens. Or, ceux-ci ne se sont jamais trouvés dans une situation aussi précaire que celle induite par le diktat et les oukases du chef de la droite israélienne, Ariel Sharon, contre un peuple qui défend son droit à vivre libre et en paix.