À Alger, on affiche une satisfaction après cet "incident regrettable", selon les mots de Lamamra, et on préfère plutôt se projeter dans l'avenir. Entre Alger et Paris, dont les relations sont souvent passionnées et passionnantes, les blagues, qu'elles soient belges ou venant de Hollande, ne passent toujours pas. Surtout lorsqu'il s'agit de questions qui titillent l'égo des Algériens. Le président français, habitué des boutades, a eu à le vérifier à ses dépens. En déclarant, sur le ton de la plaisanterie, devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui revenait d'un séjour à Alger, était rentré "sain et sauf", François Hollande ne s'attendait sans doute guère à provoquer un incident diplomatique et une telle avalanche de réactions. Si bien que Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, a réclamé rien que moins que des "excuses" (un clin d'œil au contentieux mémoriel ?) pour des propos jugés "provocateurs". "Chacun connaît les sentiments d'amitié que François Hollande porte à l'Algérie et le grand respect qu'il a pour son peuple, comme l'ont prouvé la visite d'Etat qu'il a effectuée en décembre dernier et les discours qu'il a prononcés", a réagi hier l'Elysée dans un communiqué après avoir probablement minimisé la portée des propos du président Hollande. Car, il faut bien admettre qu'il aura fallu que la presse française et l'opposition montent au créneau pour qu'enfin la présidence française daigne exprimer ses regrets. Des regrets qui portent cependant sur l'interprétation faite des propos, mais non pas sur le contenu. "Le président français exprime ses sincères regrets pour l'interprétation qui est faite de ses propos et en fera directement part au président Bouteflika", estimant qu'il s'agit d'"une polémique sans fondement". En fin de journée, on ne savait toujours pas si François Hollande a pu joindre Bouteflika. Mais son ministre des AE, Laurent Fabius, a appelé son homologue, Ramtane Lamamra. Selon l'APS, "l'entretien a porté sur les relations algéro-françaises", sans fournir d'autres détails. Mais on présume que c'est la tempête provoquée par les propos de Hollande qui a motivé cet appel. Le satisfecit d'Alger Du côté d'Alger, après avoir jugé ces propos d'"incident regrettable", on se montre "satisfait du communiqué de l'Elysée". "Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a pris connaissance avec satisfaction du communiqué rendu public par le président François Hollande, en particulier les sentiments d'amitié qu'il porte à l'Algérie et le grand respect qu'il a pour son peuple, que le président français a tenu à réitérer", a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. "Il est attendu que l'état et les perspectives du partenariat d'exception entre l'Algérie et la France fassent l'objet d'échanges à l'occasion de la communication téléphonique que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, recevra de son homologue français, le président François Hollande", a ajouté la même source. C'est dire que de part et d'autre, au niveau officiel, on souhaite tourner la page de cet incident qui a enflammé la toile et les médias, et provoqué des réactions en cascade chez la classe politique autant algérienne que française. "Cela dénote la haine que vouent les Français aux Algériens", a jugé, quelque peu sévèrement, Nouara Djaffar du RND. "Nausée", selon Jean-Luc Mélenchon, alors que Jean-François Copé déplorait un "dérapage verbal" et "déplacé". Voilà une boutade qui n'aura pas le goût de la pintade de réveillon pour Hollande. Une plaisanterie de mauvais goût. K. K Nom Adresse email