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Au nom du clan
Publié dans Liberté le 04 - 03 - 2004

C’est sans surprise que le Conseil d’État s’est dédit en confirmant la décision de “la justice de la nuit� d’invalider le VIIIe congrès du FLN. C’est donc inutile de rappeler qu’il s’est, à ce sujet et dans un premier temps, déclaré incompétent, avant de se rappeler, ou d’être rappelé, à cette incertaine aptitude à juger du bien-fondé du déroulement et des aboutissements d’assises statutaires d’un parti.
C’est sans surprise non plus que l’UGTA a confirmé son soutien au candidat Bouteflika, après avoir voulu faire passer sa période de louvoiement étudié pour un temps de réflexion. En coupant court aux débats de la CEN pour précipiter la décision d’appui au candidat-Président, Sidi Saïd a enfin assumé son option. Pas un gage économique, pas un argument social ne sont venus motiver les choix, arbitraires dans leur formulation même, des hiérarques de la Centrale. Les trompeuses références au “nationalisme� du syndicat d’Aïssat Idir montraient le dérisoire de l’argumentaire creux qui a justifié le parti pris du syndicat… Comme s’il s’agissait de comparer les nationalismes de personnalités ayant, en principe, toutes rempli les conditions juridiques et morales d’une candidature à la présidence de la République. L’artifice du parallèle, même de pur forme, entre les différents programmes présidentiels ne pouvait pas fonctionner : aucun candidat n’a encore rendu public un projet. Il fallait donc improviser ces futiles arguties “langue de bois�.
Face à des concurrents dont on connaît peut-être les identités politiques respectives, mais dont on ignore les plans précis, Bouteflika devrait nettement être désavantagé : il n’a pas d’identité politique fixe et, même s’il disposait d’un programme, il a montré qu’il n’était point tenu par ses promesses. De plus, sur le plan économique et social, il présente un bilan qui, dans n’importe quel autre pays, aurait automatiquement disqualifié le Président sortant. Ses tournées électorales sont ponctuées d’émeutes de chômeurs et l’UGTA n’y trouve qu’une raison de se transformer en comité de soutien !
C’est son droit de soutenir un candidat pour une direction de syndicat, sauf que le cynisme de prétendre le faire au nom de l’intérêt des travailleurs était de trop. Comme un orchestre harmonieux, les institutions publiques et parapubliques semblent parfaitement accordées. Et c’est sans ciller qu’elles exécutent la partition. Mais c’est avec de fausses paroles qu’elles chantent le morceau. Il y a, comme qui dirait, de l’amateurisme dans l’arrangement.
Dans le système clientéliste, tout se fait au nom des travailleurs, au nom de la loi, au nom de l’intérêt supérieur de la nation… Jamais au nom des accommodements de clans.
En plus d’engager de nobles intérêts dans des engagements de coteries, on détourne des institutions de leur véritable finalité pour en faire des accessoires électoraux. C’est dramatique comme le commerce politique des hommes maltraite les institutions et les organisations en les dévoyant de leurs fonctions originelles pour les soumettre à d’immédiates et sectaires motivations.
À ce stade de détérioration des missions institutionnelles, ce n’est plus un pouvoir qui subit cette véritable dégradation existentielle, c’est un État.
M. H.
[email protected]


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